Le stress chronique peut-il provoquer un ulcère ?

Sophie Lambert

Comprendre la nature des ulcères gastriques : mythes et réalités

Selon l’Académie nationale de médecine, un ulcère est défini comme une lésion ou une zone de perte de tissu qui affecte la muqueuse interne d’un organe, en particulier celle du duodénum. Ce segment de l’intestin grêle, situé juste après l’estomac, est la première étape de la portion digestive où la nourriture, en partie digérée, transit après son passage dans l’estomac. Lors de situations de stress intense, cette région peut devenir vulnérable, au point de se retrouver en première ligne pour développer un ulcère ou pour souffrir d’une douleur abdominale aiguë, la poussant parfois à s’exprimer de manière dramatique avec des expressions comme « se tordre les boyaux » ou « provoquer un ulcère ».

Les deux principales causes à l’origine des ulcères

Peut-on réellement imputer aux facteurs psychologiques la survenue d’un ulcère duodénal ? La majorité des spécialistes et des études scientifiques fiables affirment catégoriquement que non. En réalité, deux éléments clés sont principalement responsables du développement de cette pathologie :

– La bactérie Helicobacter pylori, qui se fixe exclusivement sur la muqueuse de l’estomac, favorisant une inflammation locale. D’après les informations transmises par la Caisse nationale d’Assurance-maladie, cette bactérie est couramment transmise dès l’enfance, souvent par la voie orale. Sa particularité est qu’elle résiste à l’acidité forte de l’estomac, permettant ainsi sa survie et sa multiplication dans cet environnement. La présence de H. pylori peut entraîner une infection chronique, une inflammation persistante qui fragilise la muqueuse. Selon l’institut Pasteur, la majorité des ulcères duodénaux, jusqu’à 95 %, sont dus à cette bactérie, tandis qu’environ 70 % des ulcères gastriques ont également pour origine cette infection.

– La consommation régulière et prolongée de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tels que l’aspirine ou l’ibuprofène. Ces substances sont reconnues pour leur effet corrosif sur la muqueuse gastrique, raison pour laquelle elles sont considérées comme « agressives » pour l’estomac. La raison en est qu’elles inhibent certaines enzymes protectrices qui maintiennent la muqueuse en bon état. En perturbant ces mécanismes de défense naturels, ces médicaments favorisent l’apparition de lésions ulcéreuses.

Les idées reçues sur le rôle du stress et de l’alcool

Deux raisons fondamentales permettent de rejeter l’hypothèse selon laquelle le stress psychologique pourrait être à l’origine des ulcères. La première est que le stress, considéré comme un facteur de mise en alerte ou d’intensification des sensations douloureuses, n’entraîne pas directement la formation d’un ulcère. La seconde, portant sur l’alcool, qui est parfois évoqué dans certains contextes, est qu’il est classé parmi les causes rares de l’ulcère. Le consensus médical et scientifique est clair : un ulcère ne naît jamais simplement à cause d’un stress psychique. La majorité des spécialistes s’accordent pour dire que ce facteur ne joue pas un rôle causal direct dans la formation de ces lésions. En résumé, ni le stress ni la consommation d’alcool ne sont des causes primaires ou directes du développement d’un ulcère, qui reste principalement imputable à la présence de H. pylori ou à la prise chronique d’AINS.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.