Le maire de Saint-Étienne jugé dès lundi pour sexe, mensonges et vidéos en Loire

Sophie Lambert

Une absence remarquée lors de l’événement du jour. La non-présence de Gaël Perdriau à l’inauguration de la Foire de Saint-Étienne (Loire) ce vendredi a été particulièrement notable. En ne se rendant pas à cet événement, il a laissé ses opposants s’exprimer librement, ce qui pourrait jouer en sa défaveur dans la course aux élections municipales à venir. Cependant, cette participation pourrait également être remise en question, car la candidature du maire (ex-LR), à la tête de la 14e plus grande ville de France, est actuellement suspendue en raison d’un procès dans lequel il est partie prenante. Ce procès se déroule cette semaine à Lyon (Rhône), et Perdriau est convoqué sur le banc des accusés, aux côtés de sept autres personnes. Bien qu’il maintienne son innocence face aux accusations portées contre lui, cette affaire met fortement en doute ses chances de se présenter ou de continuer à exercer ses fonctions électives.

À Saint-Étienne, la population ne peut ignorer le scandale entourant l’affaire de la sextape, qui depuis trois ans occupe toutes les conversations et imprègne la vie locale. Au-delà des limites départementales, dans la région de la Loire, cette histoire a aussi suscité une vive émotion et un écho considérable dans les médias. Il faut dire que le scénario et les protagonistes impliqués dans cette affaire de « kompromat » sont pour le moins spectaculaires et incroyables.

Stratégie pour neutraliser ses concurrents potentiels

Reprenons depuis le début… Le 26 août 2022 à 13 heures, le site d’informations Mediapart a publié une enquête explosive —s’appuyant sur des témoignages, des enregistrements, et des preuves concrètes— révélant que l’entourage de Gaël Perdriau aurait mis en œuvre un stratagème visant à piéger Gilles Artigues, son ancien premier adjoint. Selon cette enquête, Gilles Artigues aurait été filmé à son insu lors d’une rencontre en compagnie d’un escort gay, film qui aurait ensuite été utilisé pour faire chanter et contrôler ce potentiel rival politique, particulièrement conservateur et opposé à la loi sur le mariage pour tous. Il apparaît que trois hommes seraient au cœur de ce complot : Samy Kéfi-Jérôme, qui occupait à l’époque la fonction d’adjoint à l’Éducation dans la ville et siégeait également au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que son compagnon, Gilles Rossary-Lenglet. C’est d’ailleurs ce dernier qui aurait révélé l’affaire à Mediapart, en affirmant qu’il avait reçu pour mission de créer cette vidéo à la demande de Gaël Perdriau lui-même, ainsi que de son conseiller de cabinet, Pierre Gauttieri.

Une vidéo financée par des fonds publics

Les investigations suggèrent qu’au moins 40 000 euros auraient été versés aux auteurs de la sextape, argent qui aurait été détourné par le biais de subventions accordées à des associations, sous prétexte de prestations fictives. Ces fonds publics auraient ainsi été utilisés pour financer ce montage clandestin. Pire encore, le chantage exercé à l’encontre de Gilles Artigues ne serait pas le seul stratagème de cette nature. Michel Thiollière, ancien maire de Saint-Étienne, aurait également été dans la ligne de mire, avec un projet visant à le faire filmer en compagnie d’une prostituée mineure. Une série d’actes malveillants qui témoigne d’une campagne de manipulation et de pression orchestrée à haut niveau.

Depuis son accession à la mairie en 2014, Gaël Perdriau s’était fixé l’objectif de redorer l’image de Saint-Étienne, qui traversait une période difficile à l’époque. Cependant, au fil des années, la ville s’est retrouvée confrontée à une grave crise de réputation : elle est devenue une ville qualifiée de « championne de la vidéo clandestine ». Les retombées économiques ont été négatives, les investisseurs se montrant de plus en plus réticents à s’engager dans la région. Les ministres en visite sur place ne proposent plus à leurs délégations de s’arrêter à Saint-Étienne, préférant éviter cette ville devenue emblématique de scandales et de polémiques.

Actuellement, Gaël Perdriau doit faire face à des accusations de chantage, de collaboration avec une association de malfaiteurs, ainsi qu’à des détournements de fonds publics, en tant que représentant de l’autorité publique. Ces chefs d’inculpation peuvent entraîner sa disqualification définitive de la vie politique, avec une application immédiate du jugement si la justice le décide.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.