Le double champion du monde Rohan Dennis évite la prison dans l’affaire de la mort

Sophie Lambert

Rohan Dennis évite la prison ferme après un drame tragique impliquant sa femme

L’ancien cycliste professionnel australien Rohan Dennis n’aura pas à purger une peine de prison en détention ferme. En effet, il a été condamné à 17 mois de prison avec sursis, ce qui signifie qu’il ne passera pas derrière les barreaux à moins d’une nouvelle infraction. La décision fait suite à ses responsabilités dans le décès de son épouse Melissa Hoskins, survenu à la fin de l’année 2023, après avoir été percutée par le véhicule qu’il pilotait lors d’une altercation conjugale.

Le tribunal d’Adélaïde a pris en considération plusieurs éléments lors de la détermination de la sanction. Rohan Dennis, ancien champion du monde du contre-la-montre en 2018 et encore médaillé en 2019, ainsi que reconnu pour avoir plaidé coupable d’un chef d’accusation aggravé concernant la mise en danger d’autrui, a été dispensé des accusations d’homicide. La justice a insisté sur le fait qu’il n’a pas été reconnu coupable de meurtre volontaire. Par ailleurs, les juges ont été sensibles aux remords exprimés par le sportif de 34 ans, ainsi qu’à son rôle de seul parent de jeunes enfants, ce qui a également influencé leur décision.

Ce qui s’est passé la nuit fatale, selon le récit au tribunal

Lors de l’audience, le juge Ian Press a relaté en détail la succession d’événements qui ont conduit au décès tragique de Melissa Hoskins, le 30 décembre 2023. La scène s’est déroulée lors d’une dispute de couple, qui portait notamment sur des travaux de rénovation à leur domicile. Selon les explications du magistrat, la victime, elle aussi ancienne cycliste sur piste, s’est accrochée au capot de la voiture conduite par Rohan Dennis, alors que ce dernier tentait de partir de cette scène conflictuelle. C’est dans ce contexte que le pilote a commencé à faire avancer lentement le véhicule, à une vitesse modérée, pendant une dizaine de secondes – un acte qui, selon le tribunal, était « intrinsèquement dangereux ». C’est également lors de cette manœuvre que la femme a essayé d’ouvrir la portière pour arrêter le véhicule.

Le juge a confirmé que l’accusé ignorait que sa femme s’était accrochée à sa voiture au moment où il a commencé à reculer ou avancer, précisant : « L’accusation reconnaît qu’insouciamment, votre épouse s’est accrochée à votre voiture alors que vous avanciez. C’est dans cette circonstance qu’elle a perdu l’équilibre et a trouvé la mort ». L’émotion et la gravité de la scène ont été soulignées, illustrant la complexité et la tragicité de cet incident.

À noter qu’un autre ancien cycliste de renom, Melissa Hoskins, qui avait représenté l’Australie aux Jeux Olympiques de 2012 et 2016 avant de prendre sa retraite sportive, est décédée à l’hôpital de leur région suite à ses blessures graves, quelques jours après l’accident.

Il est également important de souligner que lors du procès, l’avocat de la défense a insisté sur le fait que Rohan Dennis n’avait jamais eu d’intention de tuer sa femme. Il aurait agi par imprudence, dans un état de distraction ou de stress, mais sans volonté malveillante. La famille de Melissa Hoskins, qui avait 32 ans au moment du drame, avait également été présente pour témoigner de la victime, ancienne athlète de haut niveau, ayant représenté son pays sur la scène internationale. Son décès dans un centre hospitalier d’Adélaïde a bouleversé ses proches et la communauté cycliste.

Ce verdict, tout en étant une reconnaissance des circonstances dramatiques, établit la responsabilité de Rohan Dennis dans un contexte où la fatalité s’est mêlée à une série d’erreurs ou d’imprudences, sans intention criminelle de causer la mort. La peine avec sursis lui permettra d’échapper à une détention stricte, tout en portant la mémoire d’un décès tragique qui a profondément marqué le monde du sport et la société australienne.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.