Le centre hospitalier de Rouffach dévoile ses secrets lors des Journées du patrimoine

Sophie Lambert

Découverte du patrimoine de l’hôpital de Rouffach : une immersion historique et architecturale

Depuis plus de trois décennies, le centre hospitalier de Rouffach s’inscrit activement dans la célébration annuelle des Journées du patrimoine. Traditionnellement centré sur la valorisation de ses arbres remarquables situés dans le parc ainsi que sur l’ouverture de son espace dédié à l’histoire de l’établissement, il a choisi cette année de donner un coup de neuf à ses activités en proposant des visites guidées renouvelées. Ces parcours donnent aux visiteurs l’occasion de découvrir les coulisses de l’établissement, de son architecture à ses secrets enfouis dans ses archives.

Les visites, baptisées « Au fil des pavillons », se dérouleront durant le week-end du 20 et 21 septembre, à 14 heures précises. Elles seront animées par Perrine Demaret, l’archiviste en charge de ces espaces patrimoniaux. La volonté est claire : mettre en lumière le riche patrimoine de cet établissement. Agnès Bal, la responsable de la communication de l’hôpital, souligne l’engagement de l’équipe à valoriser ce patrimoine « en sollicitant l’expertise de notre archiviste, afin d’apporter une dimension enrichissante à ces visites ». Le public pourra ainsi s’immerger dans des anecdotes et des faits peu connus, tout en profitant d’une approche interactive, loin des analyses architecturales excessives.

Les liens entre architecture et histoire : un plan inspiré du cerveau humain ?

Ce rendez-vous s’inscrit dans le thème officiel de cette année : l’architecture. Cependant, Perrine Demaret précise qu’il ne s’agira pas de livrer une étude technique approfondie, mais plutôt d’animer une visite dynamique et interactive, alimentée par le fonds d’archives conservé par le groupe « histoire et recherche ». Ce groupe, composé d’anciens salariés passionnés d’histoire, a contribué à rassembler anecdotes et documents pour enrichir la visite.

Ce parcours atypique abordera plusieurs aspects méconnus de l’histoire de l’hôpital. Une facette passionnante concerne la conception même du site : loin des modèles d’asile de l’époque, Hermann Graf, architecte allemand à l’origine du projet, envisagea sa réalisation comme « un véritable hôpital-village ». La structure est ainsi organisée selon un plan aéré, intégré dans un vaste parc de 23 hectares, avec 47 bâtiments répartis afin d’assurer une certaine autonomie à chaque service. La symétrie précise des pavillons jumeaux, placés symétriquement de part et d’autre d’un axe central allant du pavillon administratif à la chapelle, n’est pas anodine. Grâce à cette organisation, certains chercheurs pensent que le plan lui-même aurait été inspiré par la forme d’un cerveau humain.

Les visiteurs pourront découvrir ces détails en images, notamment à travers une série de photographies retraçant cette architecture unique : de la conception de la chapelle, d’un édifice partagé entre catholiques et protestants, à l’ancienne chaufferie centrale ou encore aux bâtiments techniques. Par exemple, une photo évoque une légende selon laquelle le plan aurait été conçu pour ressembler à un cerveau, avec ses zones primitives et plus sophistiquées, une hypothèse qui a circulé lors d’un congrès psychanalytique dans les années 1970.

Héritage architectural et secrets méconnus du site

Parmi la multitude d’informations insolites dévoilées lors de cette visite, figurent des détails étonnants tels que la disposition de la chapelle, dont la façade est today fermée pour des raisons de sécurité, mais qui a longtemps été un lieu de culte actif. L’arrière de la chapelle, par où entraient les protestants, ainsi que la cave à vin, autrefois en usage, offrent aussi un regard inédit sur l’organisation du lieu de culte partagé.

Les parcours ne s’arrêtent pas là. On pourra également découvrir l’ancien pavillon des cuisines, maintenant transformé pour abriter les archives et la salle des instances. Une photo d’archives montre des personnels des cuisines en 1910, révélant un aspect plus humain et historique du site. Au fil de la visite, l’attention sera aussi portée sur des bâtiments moins visibles, comme l’ancienne chaufferie ou encore le fameux tube acoustique permettant de communiquer entre les étages, similaire à la technologie d’un sous-marin.

Une autre facette mystérieuse évoquée lors de ces visites concerne une « chemise forte » en toile de jute, destinée à habiller certains malades agités, à ne pas confondre avec la camisole de force, qui n’aurait jamais été en usage à Rouffach. Cette pièce témoigne des méthodes parfois surprenantes utilisées à l’époque pour gérer certains patients. De plus, un carrousel d’aiguilles pour seringues, une pointeuse ou encore des objets liés au personnel de nuit illustrent le soin apporté à la conservation de ces archives riches en anecdotes.

Une visite qui va au-delà du simple regard architectural

La visite se terminera devant la chapelle, dont la façade est aujourd’hui fermée depuis quelques années, en raison de graves lézardes visibles, évoquant la fragilité du patrimoine. La sortie permettra aussi d’accéder à l’espace histoire, aménagé dans le pavillon administratif depuis 2014 et abritant plus d’un siècle d’archives, de photographies et d’objets savamment conservés par une équipe de bénévoles. Ces collections offrent un regard unique sur l’histoire de la psychiatrie en Alsace.

Au-delà de cette journée, le public pourra poursuivre la découverte en visitant l’espace histoire lors de journées dédiées, avec la présence de bénévoles pour expliquer chaque pièce et effacer le fossé entre passé et présent. La démarche vise à offrir un regard renouvelé sur un patrimoine encore trop souvent méconnu, dans un site qui a su conjuguer architecture innovante et histoire humaine.

Les inscriptions à ces visites guidées et l’accès à l’espace histoire seront accessibles durant le week-end, dans un esprit de découverte et de partage, afin que chacun puisse entendre les voix du passé et mieux comprendre l’histoire locale.

En conclusion, cette opération s’inscrit dans une démarche forte de valorisation patrimoniale, mêlant architecture monumentale, objets d’époque et anecdotes inédites, pour faire du centre hospitalier de Rouffach un véritable témoin vivant de l’histoire hospitalière et architecturale en Alsace.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.