Plus de 120 déplacements effectués, environ 20 000 militants rencontrés, et parmi tous les départements visités, un marathon couru à Paris en moins de quatre heures. Laurent Wauquiez affiche une grande vitalité et le manifeste ouvertement. Sa campagne évoque celle d’un athlète en pleine forme. Il ne donne aucun signe de fatigue, même après avoir enchaîné une heure supplémentaire à chaque rassemblement public – souvent deux par jour – pour échanger avec chaque participant. Il en sera probablement de même vendredi lors d’un meeting ultime de clôture de campagne à Jonage, dans le Rhône, près de Lyon.
Bayrou : la cible principale
Dans le cadre de la compétition interne pour la présidence du parti Les Républicains, dont le scrutin est prévu ce week-end, François Bayrou apparaît comme le concurrent à battre. Laurent Wauquiez ne cache pas ses ambitions mais affirme y croire fermement. En privé, il insiste sur le fait que les militants voient en lui un véritable rempart face à ses adversaires.
Face au ministre de l’Intérieur, très populaire en ce moment, Bruno Retailleau – considéré comme favori – le président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale lui oppose deux principaux arguments. Le premier concerne la nature même de leurs fonctions : il considère qu’il est impossible d’assumer pleinement deux rôles d’envergure simultanément. Être responsable de la sécurité intérieure est une tâche à temps plein. Il explique en réunion publique que vouloir tout faire en même temps revient à risquer de ne rien faire correctement.
Le second argument concerne la capacité du ministre à se dissocier du gouvernement. Wauquiez ne mène pas une attaque directe contre lui, en disant que sa mission est difficile et qu’il rencontre des obstacles, mais critique sans détour le Premier ministre. Il l’accuse d’être impuissant, indiquant que cette impuissance limite la marge de manœuvre du ministre. Il critique aussi la posture du ministre, qu’il trouve trop dépendante de l’exécutif, tout en voyant Bruno Retailleau comme un candidat sérieux, même si, selon lui, l’élection ne se jouera pas uniquement sur des critères politiques, mais aussi sur leur capacité à incarner l’idéal de l’opposition à la majorité.
Une campagne centrée sur les militants
Les membres du parti en profitent pour se réjouir. François Bayrou n’a jamais joui d’un grand succès auprès des adhérents des Républicains, notamment parce qu’il leur reproche d’avoir contribué à faire battre Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2012. La stratégie principale de sa campagne consiste à mobiliser ses supporters dévoués et à proposer une refondation complète du parti, qu’il considère comme nécessaire.
Vincent Jeanbrun, député du Val-d’Oise et représentation de la jeune génération de l’aile européenne du parti, explique : « Notre démarche consiste à mener une campagne à destination des militants, en insistant sur la nécessité d’une refondation totale. » Il ajoute que la volonté de s’exprimer librement et son rejet de toute primaire classique séduisent cette base militante.
Il arrive que certains proches de Retailleau, initialement décidés à voter pour lui, changent d’avis en voyant le ton fort de Wauquiez. Pour eux, il est essentiel que la droite continue à représenter une alternative crédible face au pouvoir actuel. Leur argument est que Wauquiez doit pouvoir incarner cette alternance, même si ses chances ne paraissent pas énormes.
Saint-Pierre-et-Miquelon : moqueries et soutiens
Sa proposition, qui consiste à expulser tous ceux qui sont soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et qui représentent un danger, en particulier vers l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, a été largement moquée. En revanche, lors de ses rassemblements, cette idée recueille des applaudissements. On peut se demander si cette position pourrait influencer favorablement son destin électoral.
Ce dernier, persuadé qu’il ne sera pas confronté à un véritable adversaire, a lancé sa campagne tardivement, surtout face à la notoriété de Bruno Retailleau, qui reste un concurrent sérieux.
Malgré tout, l’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a laissé une empreinte forte lors de cette campagne. Alors qu’il évitait les médias depuis 2019, il a été très présent sur le terrain et a montré qu’il comptait bien jouer un rôle dans la présidentielle de 2027. En privé, il affirme que le résultat qu’il obtiendra dimanche lui appartiendra en propre, ce qui signifie que même s’il était battu, il se verrait comme un acteur incontournable. Il laisse entendre que sa victoire ne dépend pas de ses rivals comme Bertrand, Pécresse, Lisnard ou Barnier, mais uniquement de lui-même. Enfin, il indique que, même s’il perd, Laurent Wauquiez ne renoncera à aucune ambition, même en étant battu.
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