La Tarte Tropézienne : un symbole culinaire capricieux et son rayonnement international
Depuis ses origines modestes, la tarte tropézienne a toujours été une création emblématique qui n’a cessé de susciter l’admiration et les imitateurs. Affirmant avec fierté « La tarte tropézienne a cent fois été copiée, mais jamais surpassée, tout comme moi », cette gourmandise, popularisée par la légendaire Brigitte Bardot, est devenue le dessert emblématique de la Côte d’Azur, évoquant instantanément l’image de vacances ensoleillées. À l’occasion de ses 70 ans, cette pâtisserie aspire aujourd’hui à faire son entrée sur la scène mondiale.
Origines et création
L’histoire de cette douceur commence dans les souvenirs d’enfance d’un pâtissier polonais du nom d’Alexandre Micka, qui, arrivé en France en 1945, a puisé son inspiration dans une recette ancestrale de sa grand-mère polonaise. La tarte se distingue par sa brioche moelleuse, recouverte de grains de sucre pour un croquant sucré, et garnie d’un généreux coulis de crème. Sa naissance remonte aux années 1950, née de la fusion entre traditions familiales et une touche de créativité personnelle.
Les premiers pas dans le Var
En juillet 1955, Alexandre Micka choisit d’exposer cette pâtisserie lors de l’ouverture de sa boutique à Saint-Tropez, à une époque où ce village de pêcheurs n’était encore qu’un lieu discret, peuplé de quelques artistes et personnalités. Toutefois, c’est au printemps suivant qu’un événement majeur transforme la réputation de sa création : Roger Vadim tourne à Saint-Tropez son film emblématique, « Et Dieu créa la femme ». Lors de cette production, Brigitte Bardot, charmée par la tarte, conseilla de l’appeler « tarte tropézienne », à la fois pour souligner son origine géographique et en faire la star locale. Selon la légende, elle aurait découvert cette pâtisserie et proclamé fièrement : « Je dénichais une tarte unique, exquise, légère malgré ses apparences « d’épreuve chrétienne », puis j’ai fait goûter toute l’équipe. » Son enthousiasme fit rapidement le tour des décideurs locaux, transformant la tarte en un symbole du glamour régionnal. La superbe actrice, alors considérée comme la marraine officieuse de cette douceur, confia toute sa tendresse à cette création qui portera dorénavant son nom.
Un symbole de luxe et de villégiature
Pour tous ceux qui visitent chaque année Saint-Tropez lors de la saison estivale, la tarte tropézienne demeure plus qu’une simple gourmandise : elle incarne l’esprit des vacances accessibles à tous. La petite boutique située sur la place des Lices, souvent bondée, ne connaît jamais de répit, attirant un flux constant de curieux et de touristes. Albert Dufrêne, qui a repris l’affaire en 1985, affirme avec humour que « nos clients ne sont pas ceux qui vivent sur les yachts, mais ceux qui viennent observer les yachts ». Pour lui, ce gâteau est une gourmandise à déguster en flânant dans les rues ou sur une plage, évoquant immédiatement le plaisir de l’évasion estivale. À l’origine de cette création, Alexandre Micka, homme à la fois inventif et généreux, avait également déposé un brevet et une marque pour protéger son œuvre, mais n’avait pas souhaité étendre son commerce au-delà de Saint-Tropez, préférant faire vivre sa création dans ce seul lieu emblématique.
Un développement en pleine expansion et une reconnaissance nationale
Depuis ses débuts modestes, la renommée de la tarte tropézienne a connu une croissance exponentielle. En 1985, la société comptait seulement une dizaine de salariés et une poignée de boutiques, mais aujourd’hui, la marque a explosé avec 31 points de vente principalement sur la Côte d’Azur. Pendant la haute saison, jusqu’à 250 employés travaillent à l’élaboration des tartes, confectionnées dans un laboratoire ultramoderne situé à Cogolin, à une dizaine de kilomètres de Saint-Tropez. La production se fait principalement la nuit, afin de garantir la fraîcheur et la qualité de chaque pièce, avant d’être distribuée dans les boutiques ou expédiée dans toute la France. La marque ne s’arrête pas là : forte de son succès local, elle se prépare à une expansion à l’international. Plus précisément, un partenariat stratégique signé début juin prévoit l’ouverture de trois nouvelles boutiques en franchise au Koweït, avec la première déjà prévue pour la fin de l’année, visant à faire connaître la douceur tropézienne au Moyen-Orient.
Une gourmandise qui s’inscrit dans le patrimoine français
La popularité exceptionnelle de la tarte tropézienne lui a permis d’être officiellement reconnue comme un élément du patrimoine gastronomique français. Elle rejoint la prestigieuse lignée du cannelé bordelais ou du kouign-amann breton, en tant que spécialité locale mais aussi symbole de la créativité française. De nombreux pâtissiers à travers le pays ont développé leurs propres versions de cette tarte, adaptant la recette à leur identité, tout en conservant l’essence du gâteau original. Cependant, dans la majorité des cas, la marque déposée « tarte tropézienne » étant protégée dans de nombreux territoires, c’est sous le nom de « tropézienne » que cette douceur est généralement proposée. Son succès ne se dément pas, confirmant son statut d’incontournable du patrimoine culinaire français tout entier.
Une édition anniversaire : la glace tropézienne
Pour célébrer ses 70 ans, la marque a décidé de marquer le coup avec un événement grandiose, jeudi dernier à Saint-Tropez. À cette occasion, une tarte géante de 2,5 mètres de diamètre a été dressée en hommage à cette icône culinaire. En parallèle, une toute nouvelle innovation gustative a été révélée : une glace parfumée à la crème tropézienne. Élément central de cette création glacée, une seule saveur, qui conserve la recette secrète mais est reconnue comme étant la même crème qui fait la renommée du gâteau. Composée d’un subtil mélange entre crème pâtissière et crème au beurre, cette glace aurait le potentiel de devenir un nouveau symbole gourmand pour la marque. Selon le chef pâtissier Bastien Soler, « c’est vraiment cette saveur qui confère toute sa particularité à la glace », tout en précisant que le secret de la recette est soigneusement gardé. Initialement réservée à une vente exclusivement dans quatre boutiques situées à Saint-Tropez, Sainte-Maxime et Grimaud, cette nouveauté pourrait à terme conquérir un plus large public.
Une empreinte durable dans la culture culinaire française
L’arrivée de cette glace à l’occasion du jubilé témoigne de l’impact qu’a la tarte tropézienne sur la culture populaire. Au fil des décennies, elle est devenue un véritable emblème régional, puis national, de l’art pâtissier français. Son image s’est gravée dans l’esprit collectif, faisant d’elle un symbole de la douceur et de l’élégance méridionale. La volonté de perpétuer cette tradition tout en innovant témoigne de l’attachement profond à cette marque, qui, à 70 ans, continue de séduire de nouvelles générations et d’étendre son rayonnement hors des frontières françaises.
Résumé
En somme, la tarte tropézienne incarne un savoureux mélange d’histoire, de culture locale et d’innovation. Sa longévité exceptionnelle et sa popularité en font un véritable monument national, tout en étant une ambassadrice de la pâtisserie française dans le monde entier. La révélation d’une nouvelle glace en son honneur ajoute une étape à son parcours déjà mythique, confirmant que cette douceur inoubliable demeure résolument intemporelle.