La majorité des Français trouve le prix du contrôle technique trop élevé

Sophie Lambert

L’impact financier du maintien en bon état de son véhicule et la question du contrôle technique annuel

Prendre soin de sa voiture représente souvent un coût non négligeable pour ses propriétaires. La nouvelle obligation instaurée par la Commission européenne, qui impose un contrôle technique annuel, pourrait accentuer cette charge, principalement pour les automobilistes dont le véhicule dépasse les dix ans d’usage. Une étude récente menée par Leocare s’est intéressée à la perception des conducteurs concernant le prix de cette formalité. Il en ressort qu’au moins deux tiers des automobilistes considèrent que le coût moyen du contrôle technique est excessif.

En moyenne, le prix de cette vérification s’établit autour de 78 euros en 2025, marquant une hausse importante par rapport aux années précédentes. Selon les données recueillies par AutoHero, le coût moyen a augmenté de 22,3 % entre 2013 et 2022, passant de 65 euros à 78 euros. Toutefois, cette dépense n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire : en Isère, par exemple, un conducteur doit généralement débourser environ 82 euros, tandis qu’en Haute-Savoie, la facture moyenne atteint près de 99 euros.

Une dépense souvent bien supérieure après la visite du technicien : réparations et risques

Il ne faut pas oublier que le montant annoncé au départ n’est qu’une partie du coût total. Une fois le véhicule examiné par un technicien, des réparations indispensables peuvent rapidement faire grimper la facture de plusieurs centaines d’euros. Ces interventions sont essentielles pour assurer la bonne marche de la voiture, mais aussi pour prévenir tout risque d’accident.

Malgré cela, une proportion importante d’automobilistes reste sceptique quant à l’intérêt de cette démarche. Près de 28 % considèrent que le contrôle technique est « inutile, coûteux et inadapté à la réalité » du parc automobile actuel. Par ailleurs, 29 % pensent que ces inspections ne parviennent pas à réduire de manière significative le nombre d’accidents responsables de blessures ou de dégâts. Par peur de devoir payer des coûts élevés, certains choisissent alors de ne pas faire vérifier leur véhicule, en se procurant des faux procès-verbaux ou des vignettes frauduleuses en ligne, pour des sommes comprises entre 50 et 150 euros. Une telle fraude constitue un délit, passible d’un an d’emprisonnement et d’une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 euros pour celui qui délivre ces faux certificats.

Selon le sondage de Leocare, près de 23 % des automobilistes interrogés ont déjà conduit avec un contrôle technique non conforme à la réglementation. En région Auvergne-Rhône-Alpes, ce chiffre monte à 30 %. Conduire un véhicule sans contrôle à jour peut entraîner une amende forfaitaire de 135 euros, pouvant atteindre 750 euros dans certains cas plus graves.

Les règles en vigueur exigent que les voitures passent leur contrôle technique dans les six mois précédant leur quatrième anniversaire, au moment de leur première mise en circulation. Après cette étape, la périodicité devient tous les deux ans. Face à la proposition de la Commission européenne de modifier ces règles, notamment en augmentant la fréquence des contrôles ou en adaptant leur contenu, le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a exprimé une opposition déterminée, qualifiant cette initiative de proposition qu’il rejette résolument.

En somme, le contrôle technique constitue un enjeu financier, mais aussi un débat sur sa pertinence et son efficacité dans la prévention des accidents. La question reste ouverte quant à la meilleure façon de concilier sécurité, coût et réalité du parc automobile français.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.