La FDA autorise un traitement injectable pour prévenir le VIH aux États-Unis

Sophie Lambert

Les progrès dans la lutte contre le VIH : de nouvelles options pour la prévention

Malgré les efforts mondiaux, le VIH, le virus responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (sida), continue de toucher environ 38 millions de personnes à travers le globe. Heureusement, de nombreux outils et stratégies de prévention ont été développés pour aider à réduire la transmission du virus, notamment pour les populations à risque. Parmi ces innovations, la prophylaxie pré-exposition, connue sous le nom de PrEP, occupe une place essentielle. Ce traitement consiste en la prise régulière de comprimés destinés à prévenir l’infection chez ceux qui sont exposés au risque.

Les modalités d’utilisation de la PrEP sont diverses pour mieux s’adapter aux besoins et aux comportements des utilisateurs. Elle peut être prise de façon continue, à raison d’un comprimé quotidien, ou de manière ciblée, appelée « à la demande ». Ce dernier mode est principalement destiné aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et consiste à prendre deux comprimés entre 24 heures et deux heures avant un rapport sexuel. Ensuite, il faut continuer avec un comprimé 24 heures après la première prise, puis un autre 48 heures plus tard. Cependant, cette dernière méthode peut parfois poser des défis, notamment en ce qui concerne l’observance stricte de la posologie, une contrainte qui peut compliquer son efficacité optimale. Selon une étude menée aux États-Unis, seulement un tiers des personnes éligibles à la PrEP suivent effectivement ce traitement préventif, une donnée qui souligne les difficultés liées à l’observance et la nécessité d’innovations pour simplifier ces démarches.

De nouvelles avancées dans la prévention du VIH ont récemment été annoncées. Le laboratoire américain Gilead Sciences a indiqué que la Food and Drug Administration (FDA), l’agence de régulation des médicaments aux États-Unis, a approuvé son nouveau traitement, prêt à être utilisé en prévention du VIH sous le nom de Yeztugo (lénacapavir). Il s’agit d’une injection administrée deux fois par an, dont l’efficacité a été largement démontrée lors d’études cliniques. Ces essais, réalisés auprès de plus de 4 000 volontaires, ont montré que 99,9 % des personnes ayant reçu cette injection ont conservé leur statut séronégatif, c’est-à-dire qu’elles restent sans trace du virus dans leur organisme.

Ce nouveau produit agit en empêchant la virus de s’intégrer dans la capside, cette coque protéique essentielle à la structure du VIH. Par ce mécanisme, il bloque la réplication virale à un stade crucial. Les déclarations des experts sont enthousiastes. Le Dr Carlos del Rio, spécialiste des maladies infectieuses à l’université Emory en Géorgie, a exprimé la possibilité que Yeztugo révolutionne la prévention du VIH : « Cela pourrait devenir la PrEP idéale, en augmentant l’adhésion au traitement et en réduisant les obstacles liés à la fréquence de la prise, comme la stigmatisation et la nécessité de se souvenir de prendre un médicament tous les jours. Une injection biannuelle pourrait changer la donne. »

Une perspective d’accès mondial à ces innovations

Bien que l’approbation de cette nouvelle forme de prévention concerne pour l’instant uniquement le marché américain, Gilead Sciences s’active déjà en vue d’un déploiement international. L’entreprise a déposé des demandes d’autorisation pour utiliser Yeztugo dans plusieurs régions du monde, notamment en Europe, au Canada, en Australie, au Brésil et en Afrique du Sud. La société s’engage également à rendre cette prophylaxie accessible au plus grand nombre. Aux États-Unis, par exemple, le traitement sera entièrement gratuit pour les personnes ne disposant pas d’une assurance santé. Reste à voir si ces initiatives seront étendues à d’autres pays, afin que la prévention par injection biannuelle puisse profiter à un large public, notamment dans les zones où l’accès aux soins reste complexe.

Il est également important de souligner que ce médicament est destiné aux adultes ainsi qu’aux adolescents pesant au moins 35 kilogrammes et qui présentent un risque élevé de contracter le VIH par voie sexuelle. La perspective de traitements plus simples, plus efficaces et mieux acceptés pourrait contribuer significativement à réduire l’incidence du virus dans le futur, tout en offrant une nouvelle arme à la lutte contre cette pandémie persistante.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.