Hausse des taxes sur l’E85 : 40 millions d’automobilistes dénoncent une mesure anti-écologique

Sophie Lambert

Le gouvernement propose une réforme fiscale qui inquiète les partisans de l’E85

À l’aube de la présentation du projet de loi de finances pour l’année 2026, une réforme concernant la fiscalité de l’E85 suscite de vives réactions. Ce carburant, composant majoritairement de bioéthanol issu d’énergies agricoles françaises, bénéficiait jusqu’à présent d’un avantage fiscal lui conférant une forte compétitivité. Son prix moyen était d’environ 0,71 euro le litre, une situation encouragée par une exonération ou une réduction de taxes favorisant son utilisation. Cependant, cette prime est maintenant sur le point d’être supprimée, ou du moins largement réduite, dans le cadre d’un plan de « révision » fiscale.

Selon « 40 millions d’automobilistes », une association qui représente les intérêts des conducteurs, une suppression progressive de cet avantage fiscal, étalée sur trois années, pourrait conduire à une hausse du prix à la pompe comprise entre 40 et 50 centimes par litre. Une telle évolution aurait des conséquences importantes pour les consommateurs, en particulier ceux qui ont choisi de se tourner vers cette alternative pour réduire leurs dépenses liées à la voiture.

L’un des porte-parole de cette organisation, Pierre Chasseray, dénonce une mesure jugée injuste : « Une telle augmentation pèserait lourdement sur le budget de nombreux ménages, qui ont souvent été contraints de se tourner vers le bioéthanol dans le but de faire des économies. » Ce changement est perçu comme une décision qui pénalise directement ceux qui ont adopté cette solution respectueuse de l’environnement, tout en évitant l’accroissement de leurs dépenses.

Mais ce n’est pas uniquement sur le plan économique que cette réforme fait polémique. Les défenseurs de l’E85 craignent également un retour à des carburants plus polluants, ce qui mettrait à mal les efforts de transition énergétique. Philippe Nozière, président de l’association, insiste sur cet aspect : « L’E85 représente une alternative d’avenir qu’il faut soutenir, car elle permet de conjuguer gains environnementaux et stabilité du pouvoir d’achat. » La suppression de son avantage fiscal pourrait donc avoir pour conséquence un recul dans la lutte contre la pollution automobile.

Une décision perçue comme une manœuvre visant à augmenter les recettes publiques

L’association voit dans cette initiative, avant tout, une tentative du gouvernement de remplir ses caisses. Dans un contexte marqué par une crise économique persistante et une flambée des prix de l’énergie, cette initiative est perçue comme une provocation vis-à-vis des automobilistes, qui paient déjà des taxes importantes comme la TICPE et la TVA sur les carburants traditionnels.

Selon « 40 millions d’automobilistes », cette démarche ne serait pas cohérente avec les objectifs de la transition écologique. Ils rappellent que celle-ci ne devrait pas se faire au détriment du portefeuille des citoyens, surtout ceux qui ont fait le choix d’énergies plus responsables pour leur véhicule. L’association presse donc les représentants parlementaires de préserver l’avantage fiscal attaché à l’E85. À ses yeux, modifier la fiscalité de ce carburant français, écologique et accessible, reviendrait à compliquer davantage la transition énergétique tout en fragilisant le pouvoir d’achat des ménages.

Pour eux, obtenir davantage de recettes ne doit pas se faire en sacrifiant des solutions alternatives durables, comme l’E85. La suppression de ces avantages serait, selon eux, un faux pas dans la politique d’encouragement à des énergies plus propres, tout en mettant à mal une filière agricole et industrielle locale. La question reste donc ouverte : privilégier la fiscalité pour générer des recettes ou soutenir une voie plus verte et économiquement accessible pour tous.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.