Une société du groupe Goodyear, appelée Goodyear France, a été récemment mise en cause dans une enquête en tant que partie impliquée dans une affaire de pneus défectueux. Après que la société Goodyear Operations, qui serait à l’origine de la fabrication des pneumatiques, ait été placée sous mise en examen mardi dernier, c’est au tour de la filiale française, chargée de distribuer les pneus dans l’Hexagone, de faire face à des accusations. Cette dernière a été officiellement mise en examen ce mercredi pour pratiques commerciales trompeuses, tromperie concernant la qualité essentielle du produit, ainsi que pour homicide involontaire, selon un communiqué du parquet de Besançon (dans le Doubs). En outre, elle a été placée dans le statut de témoin assisté pour deux autres affaires d’homicides involontaires ainsi que pour des blessures involontaires.
Dans le cadre de cette enquête, le géant du pneumatique est suspecté d’avoir dissimulé certains défauts présents sur plusieurs de ses modèles de pneus, notamment ceux équipant des camions, qui auraient été à l’origine de plusieurs accidents mortels. Selon une source judiciaire, il est possible que les accusations de tromperie aboutissent à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Cette conduite aurait permis à Goodyear de couvrir une réalité préoccupante concernant certains de ses produits à haut risque.
Goodyear France nie les accusations
La société Goodyear France a déclaré qu’elle confirmait avoir été informée de sa mise en examen pour certains chefs d’inculpation, tout en précisant qu’elle avait également été mise sous le statut de témoin assisté pour d’autres, dans le cadre d’une instruction toujours en cours. Ces démarches sont liées à plusieurs accidents impliquant des poids lourds ayant eu lieu respectivement en 2014 et 2016. La société a affirmé qu’elle apporterait toute sa coopération dans le cadre de l’enquête menée.
Par ailleurs, Margaret Parietti, qui assure l’intérim en tant que procureure de la République à Besançon, a indiqué que les deux sociétés concernées contestent formellement les accusations portées contre elles. Elle a aussi précisé que l’enquête judiciaire continue, précisant que trois cas de collisions mortelles impliquant des poids lourds munis de pneus de la marque Goodyear avaient été étudiés. Ces incidents, qui se sont produits en différentes régions — la Somme, le Doubs, ainsi que dans les Yvelines — ont malheureusement causé la mort de quatre personnes entre 2014 et 2016.
Une récupération partielle des pneumatiques défectueux depuis 2013
Les phases d’investigation ont révélé que plusieurs accidents étaient liés à l’éclatement du pneu situé à l’avant gauche des camions concernés. Les pneumatiques incriminés, principalement de modèles Marathon LHS II ou Marathon LHS II+, se sont détachés du véhicule, entraînant une perte de contrôle par les conducteurs. Il est aussi reproché à Goodyear d’avoir eu connaissance de l’existence d’un défaut de fabrication sur ces produits, mais de ne pas en avoir averti ses clients et les autorités compétentes.
Depuis 2013, la société a lancé un programme volontaire d’échanges de ces pneumatiques défectueux, ce qui lui a permis de récupérer près de la moitié des équipements concernés. Ces actions visaient à contenir les risques liés aux défaillances constatées tout en limitant la diffusion des pneus dangereux sur le marché.