Fibrillation atriale : la principale cause d’AVC ischémiques, ce qu’il faut savoir

Sophie Lambert

La fibrillation atriale : un trouble cardiaque d’une fréquence préoccupante

La fibrillation atriale, souvent désignée sous le nom de FA ou de fibrillation auriculaire, représente le type de trouble du rythme cardiaque le plus courant rencontré dans la pratique médicale. Elle toucherait environ 1 % de la population globale, mais cette proportion s’accroît significativement avec l’âge, dépassant les 10 % chez les personnes de 80 ans et plus. Selon les estimations, près d’un adulte sur quatre au-delà de 40 ans pourrait contracter cette pathologie au cours de sa vie. Sur la scène mondiale, ce trouble affecterait environ 43,6 millions de personnes, soulignant ainsi son importance en santé publique.

En France, le nombre de personnes atteintes se situe entre 660 000 et un million, avec chaque année l’identification de quelque 230 000 nouveaux cas. La progression de cette maladie est en partie liée au vieillissement démographique, mais d’autres facteurs jouent aussi un rôle. En effet, à âge identique, l’incidence de la fibrillation atriale tend à augmenter. Sur le continent européen, plus de 11 millions de patients vivent actuellement avec cette anomalie, avec des projections estimant leur nombre entre 14 et 17 millions d’ici une décennie, en 2030.

Les fondamentaux de la fibrillation atriale

Ce trouble du rythme cardiaque se manifeste principalement par une fréquence cardiaque anormalement rapide et un rythme irrégulier du cœur. La fibrillation atriale est caractérisée par une défaillance dans la communication électrique entre différentes parties du cœur. Elle résulte d’une activité électrique chaotique dans les oreillettes, ces cavités supérieures du cœur, où les impulsions électriques qui devraient initier une contraction synchronisée deviennent désordonnées et inefficaces.

Pour mieux comprendre, il faut rappeler que l’influx électrique responsable du battement cardiac est généré dans une zone appelée le nœud sinusal, située en haut de l’oreillette droite. Normalement, cette impulsion se propage harmonieusement vers les oreillettes, puis vers les ventricules, pour assurer un rythme régulier. Cependant, dans le cas de la FA, cette activité électrique devient anarchique, menant à une contraction désordonnée des oreillettes. Selon Ameli.fr, la fibrillation auriculaire se traduit par une activité électrique rapide et désorganisée dans ces cavités supérieures, ce qui entraîne une contraction incohérente et inefficace des oreillettes. En réponse, les ventricules se contractent eux aussi de manière irrégulière et souvent rapide, une condition appelée tachyarythmie.

Ce dérèglement a pour conséquence une contraction très rapide et saccadée des oreillettes, provoquant une stagnation du sang dans ces cavités. La contraction accélérée des ventricules en résulte, mais leur performance diminue, ce qui entraîne une baisse du débit cardiaque global. En résumé, cette perturbation de la mécanique cardiaque compromet la capacité du cœur à assurer efficacement sa fonction de distribution du sang dans l’organisme.

Les facteurs de risque associés à la fibrillation atriale

Bien que l’âge soit le facteur de risque prédominant, plusieurs autres éléments contribuent au développement de cette pathologie. Parmi eux, on retrouve notamment :

– Le fait d’être un homme ;
– La présence d’une hypertension artérielle ;
– La surcharge pondérale ou l’obésité ;
– La consommation excessive d’alcool ou de tabac ;
– La survenue d’une maladie cardiaque sous-jacente ;
– La réalisation d’un syndrome d’apnée du sommeil ;
– La présence d’une maladie pulmonaire chronique, comme la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) ;
– Des origines génétiques ou familiales favorisant la vulnérabilité ;
– La pollution environnementale ou atmosphérique.

Ces multiples facteurs de risque contribuent à modifier la structure ou la fonction du cœur, favorisant ainsi l’émergence de la fibrillation auriculaire.

Les symptômes révélateurs de la maladie

Les manifestations cliniques de la fibrillation atriale sont variées, voire absentes dans certains cas, ce qui complique souvent le diagnostic. Parmi les symptômes fréquemment rapportés, on trouve :

– Des sensations de palpitations, souvent rapides ou irrégulières ;
– Un essoufflement anormal lors d’efforts ou au repos ;
– La présence de douleurs thoraciques ou oppressions ;
– Des vertiges ou des étourdissements inexpliqués ;
– Des chutes soudaines, surtout chez les personnes âgées, sans cause apparente ;
– Une fatigue récente et inexpliquée, voire dégradation de l’état général.

Il est important de souligner que la majorité des personnes atteintes ne présentent pas de symptômes, et dans ces cas-là, la FA se révèle souvent lors d’un examen médical de routine ou à la suite de complications graves telles qu’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une insuffisance cardiaque.

Les risques et complications de la fibrillation atriale

La fibrillation atriale ne doit pas être prise à la légère puisqu’elle est associée à une augmentation notable de la mortalité et des maladies cardiovasculaires. Parmi ses principales complications, on compte en premier lieu l’AVC ischémique. La FA multiplie par cinq le risque de survenue de ce type d’accident vasculaire, principalement en raison du ralentissement ou de l’arrêt de la contraction régulière dans les oreillettes, ce qui favorise la formation de caillots sanguins.

Ces caillots, appelés aussi thrombus, peuvent être emportés par la circulation sanguine et obstruer des artères cérébrales, conduisant à un AVC. La migration du caillot peut aussi occulter d’autres organes comme le cœur, provoquant ainsi un infarctus du myocarde. Par ailleurs, la FA augmente la probabilité d’insuffisance cardiaque, puisque la contraction inefficace du cœur réduit son efficacité à pomper le sang, engendrant une surcharge et une dégradation progressive de ses capacités.

Le diagnostic de la fibrillation atriale

La suspicion de la FA peut naître lors d’un examen clinique simple, par l’écoute du rythme cardiaque au stéthoscope ou lors de la prise du pouls. Dans ces circonstances, le médecin constate souvent un battement trop rapide ou irrégulier. Pour confirmer le diagnostic, la réalisation d’un électrocardiogramme (ECG) est indispensable, permettant d’enregistrer précisément l’activité électrique du cœur.

Si l’ECG établit la présence de la FA ou si celle-ci reste suspectée, le patient est référé à un cardiologue qui procède à un bilan approfondi. La FA peut se présenter sous différentes formes, distinguées par leur durée :

– La FA paroxystique, qui disparaît spontanément ou après une intervention dans un délai de sept jours ;
– La FA persistante, qui dure plus d’une semaine et nécessite un traitement spécifique, médicamenteux ou par électrophysiologie ;
– La FA permanente, lorsque le rythme ne peut plus être rétabli malgré les traitements.

Ces classifications aident à orienter la stratégie thérapeutique la plus adaptée à chaque patient.

Les options thérapeutiques pour la prise en charge du trouble

Le traitement de la fibrillation atriale requiert une approche multidisciplinaire, impliquant souvent plusieurs spécialités médicales. La première étape consiste à traiter ou à contrôler les maladies associées telles que l’obésité, l’hypertension ou la sédentarité. La gestion anticoagulante joue également un rôle crucial dans la prévention des caillots et des AVC en empêchant la coagulation du sang dans l’oreillette gauche ou dans d’autres zones.

Une stratégie de contrôle du rythme cardiaque est également envisagée. Pour cela, différents médicaments sont utilisés, notamment les bêtabloquants, afin de réduire la fréquence cardiaque. En cas d’échec ou dans certains cas spécifiques, une procédure appelée ablation cardiaque peut être recommandée. Elle vise à éliminer ou à isoler électriquement les foyers responsables de l’activité électrique anormale.

L’ablation peut être réalisée selon plusieurs techniques :

– La radiofréquence, qui consiste à générer une chaleur locale pour créer de petites cicatrices dans le tissu cardiaque,
– La cryothérapie, qui utilise un refroidissement extrême pour interrompre le circuit électrique indésirable,
– La technique par champs électriques pulsés, ou électroporation, qui utilise des micro-chocs électriques de haute voltage pour provoquer des lésions tissulaires ciblées.

Après l’intervention, un suivi rigoureux est mis en place afin de détecter tout déclin de la fonction cardiaque ou toute récidive de l’arythmie.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.