Faut-il faire travailler les enfants pendant l’été malgré les vacances scolaires ?

Sophie Lambert

Une nouvelle perspective sur la période estivale : pourquoi il est bénéfique pour l’enfant de faire une vraie pause

Souvent, les parents entendent des expressions telles que « Il va perdre tous ses acquis » ou encore « La rentrée sera compliquée s’il ne révise pas ses maths ou son français pendant les vacances ». Ces propos traduisent une crainte que l’interruption des activités scolaires ait un impact négatif sur l’apprentissage de l’enfant. Cependant, Florence Millot, psychologue spécialisée dans le développement de l’enfant et de l’adolescent, remet en question cette vision, proposant une approche différente quant à la manière dont les vacances devraient être vécues par les jeunes.

Profiter d’une véritable coupure pour mieux se ressourcer

Selon cette spécialiste, faire une pause complète du rythme scolaire durant l’été constitue une étape essentielle pour le bien-être de l’enfant. Elle souligne que cette période doit permettre à l’enfant de renforcer ce qu’il a appris, mais également de souffler et de se détacher momentanément de la pression liée aux devoirs et aux révisions. La nécessité de se reposer physiquement et mentalement est fondamentale, souligne-t-elle. Elle insiste aussi sur l’importance de laisser l’enfant vivre des moments d’ennui, de rêver, de faire de nouvelles rencontres ou encore de s’engager dans des activités qui sortent du cadre habituel de l’école. Ces expériences peuvent révéler de nouvelles passions ou horizons que l’enfant pourra continuer à explorer à la rentrée, sans qu’il soit nécessaire de se plonger immédiatement dans des révisions.

Des activités variées pour stimuler la curiosité sans effort scolaire formel

Pour certains enfants, deux mois sans activités éducatives peuvent apparaître très longs. La solution pour éviter l’ennui ou le sentiment d’inactivité n’est pas nécessairement de s’assoir face à un cahier ou de suivre un programme strict. Florence Millot recommande plutôt d’intégrer de petites séances de révision de façon occasionnelle, mais toujours de façon ludique et hors du contexte scolaire traditionnel. Par exemple, une visite de château ou de musée peut donner vie à un cours d’histoire sans que cela ressemble à un apprentissage formel, ou encore, cuisiner une recette pour faire travailler les maths tout en partageant un bon moment familial. Lors des vacances à la plage, on peut organiser de petits quiz ou lectures d’histoires choisies par l’enfant lui-même, en lien avec ses centres d’intérêt.

Créer un cadre souple et créatif, sans imposer un rôle de professeur

Pour les parents ou grands-parents qui souhaitent accompagner l’enfant durant ces périodes, l’approche recommandée n’est pas de tenter d’être un professeur supplémentaire, mais plutôt de faire preuve de créativité et d’adaptabilité. L’objectif premier est d’offrir à l’enfant des instants de qualité, caractérisés par la relation, le partage, le rire et la découverte. Il est conseillé d’inventer des activités ou de laisser l’enfant s’exprimer librement, qu’il s’agisse de dessiner, de feuilleter un magazine, de chercher des informations ou simplement de discuter. Toutes ces démarches participent à un apprentissage différent, plus axé sur la curiosité et la réflexion personnelle. Il s’agit alors d’accorder une réelle respiration à l’enfant vis-à-vis du rythme scolaire, plutôt que de lui faire vivre un second rôle d’apprenant obligé.

Préparer la rentrée en douceur en valorisant d’autres formes d’intelligence

Florence Millot évoque enfin que pour les enfants qui ne sont pas naturellement portés vers l’apprentissage académique, les vacances peuvent représenter une occasion de stimuler d’autres compétences. L’utilisation de la musique, la découverte de la nature ou la mise en relation avec les autres sont autant de moyens d’éveil. Ces expériences, en plus de permettre à l’enfant de se ressourcer, contribuent à renforcer sa confiance en lui et à améliorer son estime de soi. Avant la reprise scolaire, à environ deux semaines de la rentrée, il est conseillé d’adopter une approche progressive, afin de faciliter la transition et d’éviter un retour brusque à un rythme intense. Ces moments de détente préparent en douceur l’enfant à reprendre le chemin de l’école, avec une énergie renouvelée et un esprit plus serein.

En conclusion, la période estivale ne doit pas être perçue comme une phase de stagnation ou de perte, mais comme une étape nécessaire pour l’équilibre global de l’enfant. En alliant repos, activités variées et moments de lien, il est possible d’aborder la rentrée avec sérénité et confiance.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.