Est-il normal de se comparer constamment aux autres en physique, relation et compétences ?

Sophie Lambert

L’Impact de la Comparaison Sociale sur l’Estime de Soi et le Rôle des Réseaux Sociaux

Se mesurer aux autres : un phénomène humain naturel mais risqué

Il est courant de se sentir moins attirant ou moins performant que ses proches, que ce soit un cousin ou d’autres membres de notre entourage. La tendance à faire des comparaisons avec autrui est une facette intrinsèque du comportement humain. Elle sert souvent à situer sa position dans un contexte précis, ou à stimuler la motivation, que ce soit dans le domaine sportif ou professionnel. Pourtant, cette pratique devrait rester modérée, car elle comporte ses dangers.

En effet, se mesurer constamment aux autres, surtout pour constater qu’on possède moins ou plus de certaines qualités, traduit en réalité un déficit de confiance en soi et d’estime personnelle. Sophie Maretto, psychologue basée à Paris, insiste sur ce point : « Se comparer sans arrêt à autrui, dans le but de souligner nos supposées insuffisances ou nos prétendues qualités, reflète surtout un manque de confiance intérieure. » La comparaison excessive devient alors un miroir déformant de nos propres insécurités, plutôt qu’un véritable levier de développement personnel.

Ce qui alimente ce comportement, c’est souvent une peur profonde : la peur de ne pas réussir dans sa carrière, de ne pas trouver l’amour, ou simplement de ne pas parvenir à être heureux. La sensation de ne jamais être « assez » selon ses propres standards ou ceux de la société est au cœur de ces interactions interiorisées. Sophie Maretto poursuit en expliquant que cette quête constante de validation extérieure peut engendrer des sentiments de jalousie, d’envie, ainsi que de rancœur. Toutes ces émotions négatives alimentent un cercle vicieux qui nous empêche de vivre pleinement notre propre existence, en nous empêchant d’apprécier ce que nous sommes réellement.

Les réseaux sociaux : un amplificateur des comparaisons et des illusions

Depuis plusieurs années, l’omniprésence des réseaux sociaux a intensifié cette tendance à la comparaison. Dans une société où l’image et l’apparence priment, il est difficile d’échapper à la tentation de se comparer à autrui. Les plateformes numériques exposent constamment leurs utilisateurs à la vie des autres, souvent idéalisée ou embellie. La plupart du temps, ce que les individus choisissent de partager ne reflète qu’une fraction de leur réalité, ce qui crée une perception déformée de la vie des autres.

Sophie Maretto met en garde contre cette illusion : « L’impression que tout le monde mène une vie parfaite, simplement parce qu’on ne voit qu’une version soigneusement sélectionnée de leur quotidien, pousse à la vivre par procuration. » En observant ces représentations idéalisées, il devient facile de se sentir inférieur, d’imaginer que notre vie n’est pas à la hauteur de celles des autres. Pourtant, cette perfection affichée n’existe que rarement dans la réalité, et la reconnaître permettrait de relativiser ces images.

Il est essentiel de garder en mémoire que cette recherche d’une image parfaite, surtout via les réseaux sociaux, ne peut que conduire à une insatisfaction chronique. La réalité étant toujours nuancée et imparfaite, il convient d’adopter une perspective plus saine, en se concentrant sur ses propres qualités plutôt que sur l’image déformée que véhiculent certains contenus en ligne. La clé réside donc dans la conscience que la perfection n’existe pas réellement, et dans l’acceptation de ses propres imperfections, pour préserver une estime de soi équilibrée et authentique.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.