En France, moins d’un adulte sur cinq fume quotidiennement, une baisse record du tabagisme

Sophie Lambert

Tendances à la baisse du tabagisme en France : une progression notable

Depuis 2014, la proportion de fumeurs réguliers âgés de 18 à 75 ans en France a considérablement diminué. À l’origine, ce taux s’élevait à 28,6 %, mais grâce aux efforts et aux politiques mises en œuvre, il a pu être réduit à 18,2 % en 2024. Cela correspond à une baisse de plusieurs millions d’individus qui consomment quotidiennement du tabac, traduisant les effets positifs des campagnes de prévention et des mesures législatives.

Une réduction continue depuis 2021 : 7 points en moins

Après une période de stagnation pendant la crise sanitaire de la COVID-19, la tendance à la baisse s’est renforcée ces dernières années. Selon les dernières données collectées par Santé publique France en 2024, un quart des adultes en France métropolitaine déclarent actuellement fumer, contre 32 % en 2021. Quant à la proportion de fumeurs qui consomment quotidiennement, elle est passée de 25 % en 2021 à 18 % en 2024. Ces changements concernent également la jeunesse, où la tendance à diminuer le tabagisme se confirment : chez les jeunes de 17 ans, la proportion de fumeurs quotidiens a chuté de 25,1 % en 2017 à 15,6 % en 2022. La baisse atteint aussi la tranche des jeunes adultes : parmi les 18-29 ans, seulement 18 % fumeraient quotidiennement en 2024, contre 29 % il y a trois ans.

Les objectifs de réduction atteints et dépassés

L’un des principaux objectifs du Programme national de lutte contre le tabac pour la période 2023-2027 était de faire diminuer la prévalence du tabagisme quotidien à moins de 20 % d’ici 2027. Et ces résultats ont été obtenus bien avant cette échéance, puisque dès 2024, le pourcentage d’adultes quotidiens ayant cette habitude est tombé sous cette barre symbolique, atteignant ainsi une étape clé. Les professionnels de la santé, ainsi que les institutions responsables de la politique de santé publique, se réjouissent de ces progrès remarquables.

Ces avancées sont attribuables à une série de mesures initiées durant la dernière décennie. Parmi elles, l’introduction du paquet de cigarettes neutre, la hausse régulière du prix du tabac, la création d’espaces sans tabac pour dénormaliser sa consommation en public, ainsi que le remboursement des traitements de substitution nicotinique. Des campagnes de prévention ont été également déployées, notamment avec le lancement du Mois sans tabac en 2016, et l’établissement, plus récemment, de programmes renforçant les compétences psychosociales pour soutenir les personnes souhaitant arrêter de fumer.

Une diminution notable du tabagisme, mais des inégalités persistantes

Malgré les progrès, la baisse du tabagisme n’est pas uniforme. Certains segments de la population restent encore fortement touchés, notamment en fonction de leur contexte social et économique. Le tabac demeure un marqueur social puissant : il est près de deux fois plus répandu chez les ouvriers que chez les cadres, avec des taux respectifs de 25 % et 11,8 %. Les populations en difficulté financière sont également davantage affectées, avec près de 30 % de fumeurs quotidiens contre seulement 10 % chez celles déclarant se sentir à l’aise financièrement. Le chômage constitue également un facteur aggravant, puisqu’une majorité d’individus sans emploi, soit presque 30 %, déclarent fumer au quotidien, contre moins de 20 % parmi les actifs.

Au niveau régional, la prévalence du tabagisme quotidien reste particulièrement élevée dans des zones comme le Grand Est, l’Occitanie ou la Provence-Alpes-Côte d’Azur. À l’inverse, des régions telles que l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou certains départements d’outre-mer, notamment La Réunion, présentent des taux nettement plus faibles, ce qui témoigne des disparités territoriales dans la lutte contre le tabagisme.

Un intérêt croissant pour l’arrêt du tabac

La volonté d’arrêter de fumer est palpable chez une majorité d’adultes. Environ la moitié des fumeurs quotidiens déclarent souhaiter abandonner cette habitude. Les 40-49 ans manifestent la plus forte envie, avec près de 60 % d’entre eux souhaitant arrêter, particulièrement chez les personnes ayant un niveau d’études supérieur au baccalauréat et parmi les cadres ou professions intermédiaires.

Concernant les tentatives effectives de sevrage, en 2024, près de 17,3 % des fumeurs réguliers entre 18 et 79 ans affirment avoir essayé d’arrêter de fumer pendant au moins une semaine au cours de l’année écoulée. L’envie d’arrêter témoigne également d’une certaine évolution selon l’âge : 28,2 % chez les jeunes adultes entre 18 et 29 ans, puis une baisse progressive, pour atteindre 12 à 14 % chez les personnes entre 40 et 79 ans. La différenciation socio-économique est également évidente : les personnes mieux formées, notamment les étudiants, et celles occupant des postes de cadre, sont celles qui tentent le plus souvent de cesser la consommation de tabac.

Face à ces enjeux, il devient essentiel d’adapter continuellement les actions de prévention et d’accompagnement, surtout en ce qui concerne les populations les plus vulnérables. La conviction est que l’envie d’arrêter, associée aux tentatives précédentes, constitue un facteur déterminant dans la réussite du sevrage.

Les ventes de substituts nicotiniques, en pharmacie, ont enregistré une augmentation notable de 10 % entre 2023 et 2024, tout comme l’augmentation de 29 % depuis 2021. Par ailleurs, les prix du tabac, après une période de stabilité entre 2021 et 2023, ont connu une hausse importante, avec une augmentation de près de 15 % du prix moyen du paquet de cigarettes le plus vendu. Cette stratégie d’augmentation des prix s’est révélée être une des méthodes les plus efficaces pour diminuer la consommation de tabac, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’autres mesures réglementaires.

Enfin, même si certaines méthodes de mesure, comme la nouvelle méthodologie d’enquête en ligne, peuvent influencer la comparabilité des données, d’autres indicateurs convergent vers une même tendance de baisse. La réduction des livraisons de tabac aux buralistes, qui ont chuté de 24 % en trois ans, supporte cette évolution, tandis que l’augmentation des ventes de traitements d’aide à l’arrêt confirme le mouvement vers une diminution durable du tabagisme.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.