En cas de canicule, attention à ne pas croire que boire trop glacé est toujours la meilleure solution

Sophie Lambert

Les mécanismes de la thermorégulation humaine face à la chaleur

Lorsque notre corps se trouve confronté à des températures élevées, il active un système naturel appelé « thermostat interne » ou thermorégulation. Son rôle principal est de maintenir la température corporelle autour de 37°C, en ajustant divers processus physiologiques. La transpiration constitue l’un des principaux moyens de dissiper la chaleur excessive : quand la chaleur externe augmente, le corps produit de la sueur qui, en s’évaporant, permet de réduire la température interne. Ce système coordonne d’autres réponses, telles que la dilation des vaisseaux sanguins proches de la surface de la peau, afin de favoriser l’échange thermique avec l’environnement. Pour préserver leur équilibre hydrique, il est essentiel que les individus boivent régulièrement, même sans ressentir la soif, afin de compenser la perte en eau liée à la transpiration. Cependant, certaines attitudes ou choix en matière d’hydratation, notamment lors des périodes de forte chaleur, peuvent se révéler contre-productifs ou même risqués pour la santé.

Faut-il privilégier la consommation de boissons glacées ?

Face à la canicule, le réflexe immédiat fréquemment adopté est de se rincer la gorge avec une boisson très froide, afin d’obtenir rapidement une sensation de fraîcheur et de soulagement. Bien que cela semble naturel, il est important de comprendre que cette pratique peut envoyer un mauvais signal à notre organisme. En effet, boire des liquides très froids peut induire une contraction des vaisseaux sanguins situés autour de l’estomac, ce qui ralentit le processus de digestion et peut favoriser l’apparition de crampes abdominales. De plus, cette chute de température locale peut décourager la thermorégulation globale, en donnant au corps un message erroné que la température extérieure est plus basse qu’elle ne l’est réellement, incitant potentiellement à une moindre production de sueur. Cette dernière étant cruciale pour libérer la chaleur corporelle, cela peut alors conduire à une surchauffe. En revanche, doit-on pour autant consommer des boissons chaudes pour se rafraîchir ? Certains pensent que cela pourrait encourager la transpiration, s’appuyant sur la pratique des Bédouins qui boivent du thé chaud dans le désert pour réguler leur température interne. Leur stratégie consiste à faire transpirer davantage afin de dissiper la chaleur accumulée. Cependant, il est impératif de compenser la perte de fluides provoquée par cette transpiration supplémentaire, ce qui n’est pas toujours le cas. Si l’eau évacuée par la transpiration n’est pas remplacée, le risque de déshydratation demeure réel et grand.
Il ressort donc qu’un moyen optimal consiste à privilégier la consommation de boissons fraîches, mais pas glacées. La température idéale serait celle qui procure une sensation de fraîcheur agréable, sans refroidir excessivement le corps, pour assurer une hydratation efficace tout en maintenant une réponse thermorégulatrice saine.


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Les risques liés à une consommation excessive d’eau

Un autre aspect à ne pas négliger en période de canicule consiste à boire en quantité trop importante, même si cela peut sembler contre-intuitif. La tentation est grande de se ruer sur l’eau dès le moindre signe de soif pour éviter la déshydratation. Cependant, un excès en consommation peut engendrer des effets délétères, notamment chez des populations particulièrement vulnérables. Le principal danger est le développement d’une hyponatrémie, un trouble résultant d’un abaissement anormal du taux de sodium dans le sang. Cette condition peut devenir critique, voire mettre la vie en danger dans les cas les plus graves. Selon le ministère de la Santé, elle survient généralement lorsqu’un individu consomme de grandes quantités d’eau en peu de temps, sans ajuster la consommation en sodium ou lors de pertes excessives de sel dues à une sudation importante. Ce déséquilibre peut survenir notamment chez les personnes âgées, dont la capacité à transpirer est altérée ou absente, ou chez celles souffrant de maladies chroniques telles que l’insuffisance rénale, cardiaque ou hépatique, ou encore de troubles endocriniens comme le diabète ou la thyroïde. Certains traitements médicamenteux, notamment les diurétiques et certains psychotropes, augmentent également le risque.

Pour celles et ceux concernés, il est crucial d’adopter quelques règles simples lors des épisodes de forte chaleur :
– Limitier leur consommation d’eau à environ 1,5 litre par jour, en complément d’aliments riches en eau tels que les soupes ou le pain, tout en évitant de dépasser cette quantité. La règle générale pour la population saine, elle, reste de continuer à boire abondamment pour prévenir la déshydratation.
– Consulter un professionnel de santé pour adapter les traitements médicamenteux si nécessaire.
– Accompagner l’hydratation d’une alimentation équilibrée, fractionnant si besoin les repas pour assurer un apport salin suffisant. Des aliments comme les soupes, le pain ou les fruits apportent en effet du sel nécessaire à l’équilibre de l’organisme.
– Enfin, pour passer la chaleur sans se surchauffer, il est recommandé de pratiquer une « transpiration artificielle » en mouillant régulièrement la peau et en assurant une bonne ventilation. La transpiration naturelle doit permettre au corps de rester à une température d’environ 37°C, sans nécessiter un apport excessif d’eau qui pourrait aggraver le risque de déshydratation ou d’autres déséquilibres.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.