En Allemagne, les Alltagsmenschen interpellent les passants à Oberkirch

Sophie Lambert

Une exposition de sculptures captivantes à Oberkirch jusqu’en novembre

Jusqu’au 11 novembre, la petite ville allemande d’Oberkirch, située dans la région du Bade-Wurtemberg à une trentaine de kilomètres de Strasbourg, est le théâtre d’une manifestation artistique unique. Deux artistes, Laura et Christel Lechner, ont investi les rues du centre-ville avec une collection impressionnante de plus de quarante œuvres sculpturales à taille réelle. Ces œuvres, réparties sur 17 différents sites à travers la ville, offrent aux passants une opportunité rare d’apprécier l’art dans un cadre urbain tout en découvrant le patrimoine local d’une manière innovante. La mise en place de cette exposition temporaire vise à insuffler une nouvelle vie à l’espace public, en mêlant l’art contemporain à la convivialité du centre-ville d’Oberkirch.

Un parcours muséal à ciel ouvert, entre sculptures et interactions

L’ensemble de ces sculptures, toutes grandeur nature, présente une diversité de silhouettes et de scènes inspirantes, qui jouent avec l’espace et l’émotion. La majorité d’entre elles met en scène des personnages figuratifs, que l’on pourrait qualifier d’« Alltagsmenschen » ou « gens du quotidien » en français. Ces figures humaines, à la fois charmantes et réalistes, sont installées dans différentes positions – assises sur des bancs, déambulant dans la rue ou simplement présents dans leur environnement habituel. Leur but est d’inviter les habitants et visiteurs à sourire tout en les incitant à réfléchir sur la vie quotidienne, la diversité et la beauté simplement éphémère de l’instant. Que ce soit en marchant, en contournant ces figures ou en les touchant, le spectateur peut également choisir de contempler silencieusement ces œuvres ou même de se prendre en photo avec elles, créant ainsi un lien ludique et immersif.

Les Alltagsmenschen : des personnages chargés de sens et de poésie

Mais qui sont réellement ces figures appelées « Alltagsmenschen » ? Le terme désigne ces personnages charmants, conçus avec une grande attention aux détails, qui peuplent l’espace public et qui, par leur présence, instaurent une relation intime avec le passant. Ces sculptures représentent souvent des individuels dans des moments simples de la vie, tels que s’asseoir sur un banc ou se livrer à une activité du quotidien. Leur fonction n’est pas uniquement décorative : elles cherchent à évoquer des sentiments de proximité, de partage et de réflexion. À travers elles, l’art devient un moyen de rappeler la beauté du moment présent, de faire prendre conscience de la valeur de l’instant et du quotidien. En s’approchant de ces œuvres, en les contournant ou en les touchant, les visiteurs peuvent expérimenter une forme de dialogue silencieux qui invite à méditer sur la simplicité, la patience, ou même sur la fragilité de la situation humaine.

Les sculptures de cette exposition jouent un rôle pertinent dans la revalorisation de l’espace public, transformant la ville en un véritable musée à ciel ouvert. Elles encouragent aussi l’interaction, invitant à la fois à la contemplation et à la participation active. La démarche artistique proposée par Laura et Christel Lechner stimule la curiosité et offre à chacun un moment d’évasion, souvent empreint d’émotion ou de nostalgie. La confrontation au réalisme de ces figures nous presse de repenser notre rapport au quotidien, en nous rappelant que la beauté peut s’y cacher dans la simplicité des gestes, la douceur d’un regard ou la présence discrète d’un passant.

En somme, cette installation artistique à Oberkirch, par sa simplicité poétique et sa proximité immédiate avec l’espace urbain, réussit à mêler l’art à la vie quotidienne. Elle nous invite à prendre le temps d’observer, d’interagir et d’apprécier ces personnages du quotidien qui, un instant, sublimés dans leur environnement, deviennent des compagnons silencieux de notre exploration urbaine.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.