L’augmentation de l’encéphalite à tiques en Europe : une tendance préoccupante
Depuis plusieurs années, le nombre de cas d’encéphalite à tiques, également appelée TBE (encéphalite transmissible par les tiques), connaît une croissance notable sur le continent européen. Cette progression ne concerne pas uniquement les chiffres, mais s’étend également à la zone géographique où la maladie circule ainsi qu’à la période de l’année durant laquelle le virus est actif. En réponse à cette situation préoccupante, les autorités sanitaires européennes ont décidé, en 2021, d’inscrire cette maladie sur la liste officielle des pathologies dont la déclaration est obligatoire. L’objectif principal de cette mesure est de suivre de près l’évolution de l’épidémie dans le temps, d’identifier les zones à risque et d’adapter les politiques de santé publique en conséquence.
Selon les données recueillies par Santé publique France, le nombre de cas déclarés en 2024 s’élève à 62, ce qui représente une hausse d’environ 60 % comparé à 2023. Par rapport à 2022, année où la surveillance de la maladie a été instaurée de façon systématique, cette augmentation atteint 77 %. Bien que cette progression puisse paraître alarmante, elle témoigne surtout d’une sensibilisation renforcée des professionnels de santé et du grand public au signalement de cette maladie, notamment pour des formes bénignes. La confiance accrue dans la déclaration de chaque cas pourrait donc également expliquer cette hausse significative.
Juillet et août, la période à risque élevé
Plus concrètement, une majorité des infections ont été contractées en France. En effet, en 2024, 55 cas (soit 88,7 % du total) ont été acquis sur le territoire national. La période durant laquelle la majorité des malades ont été contaminés correspond aux mois de juillet et août, avec respectivement 16 et 17 cas recensés, ce qui représente plus de 50 % du total annuel. Ces données indiquent que la période estivale demeure particulièrement critique pour la survenue de cette maladie. Les régions les plus concernées par la contamination sont principalement l’Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand-Est, zones où la fréquence des activités en extérieur est plus importante et où la présence de tiques infectées est plus marquée.
L’encéphalite à tique se transmet principalement par la piqûre d’une tique porteuse du virus, lors d’activités en pleine nature telles que le camping, la randonnée ou la cueillette de champignons en forêt. Santé publique France rappelle qu’il est essentiel d’être vigilant lors de ces excursions, notamment dans les régions où la maladie est endémique. Outre le mode de transmission classique, il est également possible, bien que plus rarement, d’être contaminé par la consommation de lait cru ou de produits laitiers issus de chèvres ou de brebis infectées. Cela constitue une voie de transmission secondaire, moins fréquente mais tout aussi pertinente.
Comprendre les signes de la maladie
Dès la fin de la période d’incubation, qui peut durer de une à deux semaines, les symptômes initiaux ressemblent à ceux d’une grippe, notamment de la fièvre, des maux de tête ainsi que des frissons. Cependant, dans environ un cinquième des cas, il apparaît des signes plus graves, révélant une atteinte du cerveau (encéphalite). Ces symptômes plus sévères incluent une extrême fatigue ou une agitation, une somnolence excessive, des délire, des troubles du tonus musculaire ou encore des pertes d’équilibre. La gravité de la maladie est telle qu’un décès peut survenir dans 2 à 3 % des cas, surtout si aucune intervention n’est effectuée rapidement.
Par ailleurs, une part importante des personnes infectées (entre 10 et 20 %) souffrent de séquelles neurologiques ou psychiatriques durables, telles que des paralysies ou des troubles cognitifs persistants. Le traitement de l’encéphalite à tiques repose uniquement sur la gestion des symptômes, car il n’existe actuellement aucun médicament curatif spécifique pour éradiquer le virus. La période de convalescence peut être longue et compliquée, avec souvent des séquelles invalidantes qui perdurent au-delà de la guérison apparente.
Les spécialistes soulignent également qu’une vaccination est fortement recommandée pour les personnes habitant dans des zones à haute prévalence ou pour celles qui voyagent dans ces régions. La vaccination constitue une importante mesure de prévention, surtout pour les populations particulièrement exposées.
Les moyens de prévention contre la maladie
Pour éviter d’être piqué par une tique infectée lors d’activités de plein air telles que la randonnée, le jardinage ou la promenade en forêt, plusieurs précautions simples peuvent être adoptées. D’abord, il est conseillé de porter des vêtements longs couvrant le plus possible la peau : un pantalon, une chemise à manches longues, un chapeau, et de rentrer le bas du pantalon dans les chaussettes pour empêcher une tique de grimper sur la peau. Il est également préférable de privilégier les chemins balisés et d’éviter de fouiller dans les herbes hautes, les broussailles ou les massifs végétaux denses, où les tiques sont souvent présentes. Enfin, l’application régulière d’un répulsif cutané efficace contre les tiques constitue une barrière supplémentaire pour se protéger.
Après une sortie en extérieur, une inspection minutieuse du corps est essentielle afin de repérer la présence éventuelle de tiques. En cas de piqûre, il faut retirer la tique dès que possible en utilisant une pince fine ou un tire-tique, de façon à capturer l’ensemble de la bête et réduire les risques de transmission du virus.
Il est crucial de noter que chaque année, entre 5 000 et 13 000 cas d’encéphalite à tiques sont déclarés dans le monde. La maladie est particulièrement présente dans de nombreux pays européens, notamment en Estonie, Slovénie, Lettonie, Lituanie, République tchèque, Autriche, Suède, Suisse, Slovaquie, Hongrie, Pologne, Finlande, mais aussi en France, en Norvège et dans plusieurs régions de Sibérie, en Extrême-Orient russe, dans le nord de la Chine ou au Japon. La vigilance reste donc essentielle pour prévenir cette maladie potentiellement grave.