Comprendre la drunkorexie : une problématique complexe
La notion de drunkorexie trouve ses origines dans un article du New York Times, où elle désignait initialement le comportement de personnes qui évitaient de manger avant une soirée afin d’accélérer l’atteinte de l’ivresse. En étant à jeun, le taux d’alcool dans le sang augmente plus rapidement, ce qui leur permet de se sentir ivres plus vite. Cependant, au fil du temps, ce comportement a été étudié de manière plus approfondie par la communauté scientifique. Désormais, la drunkorexie n’est plus perçue simplement comme une manière d’optimiser l’ivresse, mais plutôt comme une véritable catégorie de troubles comportementaux. Ces troubles combinent plusieurs pratiques, telles que la restriction alimentaire, ainsi que des conduites de purge, comme le fait de se faire vomir ou de recourir à des laxatifs ou des diurétiques dans le but d’éliminer rapidement les calories. Ce phénomène concerne également des personnes qui pratiquent une activité physique de façon excessive, souvent dans une démarche dysfonctionnelle et prolongée, pour perdre du poids après avoir consommé de l’alcool en grande quantité. Les motivations principales pour adopter ces comportements restent l’atteinte plus rapide de l’ivresse et l’évitement de la prise de poids liée à l’alcool consommé.
Les profils concernés par la pratique de la drunkorexie
Les recherches s’intéressent particulièrement aux jeunes et aux adolescents, chez qui ces comportements apparaissent souvent dès l’âge de 13 ou 14 ans. Les étudiants constituent également une population où la drunkorexie est fréquemment observée. Si certains travaux ont montré que cette pratique se retrouve aussi, dans une moindre mesure, chez des adultes âgés de 18 à 70 ans, la fréquence tend toutefois à diminuer avec l’âge. Cela indique que le comportement n’est pas exclusivement réservé aux jeunes, mais qu’il reste majoritairement une problématique d’adolescence et de début d’âge adulte.
La question de la différence de genre dans la drunkorexie
Contrairement à ce que l’on pourrait supposer, il n’existe pas de différence significative entre les sexes en ce qui concerne la pratique de la drunkorexie. On pourrait penser que les filles, étant souvent plus concernées par des troubles des conduites alimentaires liés à la nécessité de contrôler leur poids, éviteraient de boire de l’alcool pour cette raison. De même, on pourrait supposer que les garçons chercheraient principalement à atteindre rapidement l’ivresse. Mais en réalité, toutes les études menées jusqu’à présent montrent qu’il n’y a pas d’écart notable entre les sexes quant à la fréquence, la sévérité ou la motivation de cette pratique.
Les chiffres derrière la drunkorexie
Il est difficile d’établir des chiffres précis à l’échelle nationale pour quantifier l’ampleur du phénomène dans la population générale. Toutefois, à travers diverses études menées en France, en Italie ou aux États-Unis, il apparaît que la prévalence de la drunkorexie est relativement stable d’une année à l’autre. Selon ces recherches, environ une personne sur deux parmi les jeunes qui consomment régulièrement de l’alcool manifeste des comportements correspondant à cette problématique. Cela souligne le caractère fréquent de cette pratique chez les jeunes et montre qu’elle représente une réalité préoccupante.
Les risques à court, moyen et long terme
Les conséquences immédiates de la drunkorexie sur la santé se traduisent principalement par une augmentation des risques de blackout ou d’oubli partiel des événements. Lorsqu’une personne ne mange pas avant de boire, la rapidité d’absorption de l’alcool augmente, rendant l’effet de l’ivresse plus intense et plus rapide. Sur le plan cognitif, cela peut entraîner des troubles de la mémoire, ainsi qu’une altération des capacités de prise de décision, de raisonnement et de logique. Par ailleurs, ces comportements accroissent le risque de situations dangereuses, telles que des rapports sexuels non consentis ou des violences physiques.
Les impacts à long terme et autres risques associés
En ce qui concerne l’avenir, il reste encore peu de données précises sur la chronicité ou les effets à long terme de la drunkorexie, mais plusieurs hypothèses ont été formulées. Il est probable que, chez des personnes qui adoptent cette pratique de façon répétée durant plusieurs années, le risque de développer une dépendance à l’alcool ou des troubles liés à l’usage de cette substance soit accru. La drunkorexie, qui était auparavant peu détectée en dehors des services spécialisés en addiction, se manifeste aujourd’hui chez certains jeunes acteurs de ces centres, souvent avec une forme plus sévère et plus pathologique. Ce phénomène appelle donc à une surveillance accrue et à la conduite d’études approfondies pour mieux comprendre ses conséquences à long terme.
Le lien entre la drunkorexie et les troubles des conduites alimentaires
Un autre aspect préoccupant concerne le rapprochement entre la drunkorexie et les troubles des conduites alimentaires (TCA). Des recherches ont montré qu’un sous-groupe de personnes pratiquant cette démarche présentent également des vulnérabilités psychologiques, telles qu’une anxiété ou une dépression, ainsi qu’une faible estime de soi. Ces individus utilisent souvent l’alcool comme moyen d’adaptation face à des émotions négatives, ce qui accroît leur vulnérabilité à développer des TCA plus graves et chroniques. La coexistence de ces deux problématiques accentue la complexité clinique et la nécessité d’interventions ciblées.
L’impact des réseaux sociaux sur la perpétuation de la drunkorexie
Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la diffusion et la normalisation de ces comportements à risque. De nombreux jeunes se laissent influencer par des images ou des messages valorisant la minceur ou la musculation extrême, ce qui nourrit un harcèlement social et des insatisfactions corporelles. Ces influences peuvent alimenter chez eux un sentiment d’insatisfaction vis-à-vis de leur apparence, associé à une propension accrue à adopter la drunkorexie. En outre, certains contenus en ligne proposent des conseils pour pratiquer cette pratique, en en faisant une activité née de la légèreté ou de la recherche de convivialité. La drunkorexie y est souvent décrite comme glamour ou tendance, voire comme un moyen de s’intégrer socialement. Ce phénomène, qui peut sembler à première vue inoffensif, est en réalité très dangereux, et ses dynamiques sont désormais bien documentées.
Quels moyens pour prévenir cette pratique préoccupante ?
Malheureusement, face à la généralisation de la drunkorexie, la prévention reste encore insuffisante. Le phénomène reste peu connu du grand public, et il manque des campagnes d’information efficaces et ciblées à destination des jeunes, des adolescents et des étudiants. Il serait également essentiel que les autorités publiques soutiennent davantage la recherche afin de mieux recenser l’ampleur du problème et d’orienter les politiques de prévention. La sensibilisation, notamment par des programmes éducatifs et des campagnes de communication adaptées, pourrait permettre de réduire la diffusion de cette pratique risquée, en informant les jeunes sur ses dangers et en leur offrant des alternatives plus saines pour gérer leur rapport à l’alcool et à leur corps.