Les produits contenant des Pfas : une présence préoccupante dans notre quotidien
Les substances appelées Pfas, pour leur nom complet en anglais per- and polyfluoroalkyl substances, qui se traduit en français par substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, sont désormais omniprésentes dans notre environnement. Une étude récente menée par l’Université de l’Indiana à Bloomington, publiée le 22 juillet dans la revue Environmental Science & Technology Letters, met en lumière leur présence jusque dans des produits de consommation aussi simples que des sous-vêtements ou des coupe-menstruelles. Ces composants, aussi surnommés « polluants éternels » en raison de leur capacité à persister indéfiniment dans l’environnement, sont de plus en plus concernés par les risques pour la santé humaine.
Ces composés ont été largement incorporés dans la fabrication d’une multitude d’objets du quotidien depuis les années 1950. Leur popularité repose notamment sur leur résistance à l’eau, à la graisse et aux débris, des propriétés qui en ont fait des éléments prisés dans la confection de vêtements, ustensiles de cuisine, emballages alimentaires ou produits texiles. Cependant, leur puissance de résistance à la dégradation chimique leur confère une durée de vie particulièrement longue dans notre environnement, que ce soit dans l’air, l’eau ou les sols, entraînant une contamination généralisée.
Les dangers que présentent ces substances pour notre santé sont nombreux. Une exposition prolongée aux Pfas peut entraîner des troubles affectant la thyroïde, des taux élevés de cholestérol, des lésions hépatiques, ainsi que divers types de cancers. En effet, certains d’entre eux sont référencés par le Centre international de recherche sur le cancer comme étant cancérigènes pour l’être humain, soulignant la gravité de la situation.
Une contamination significative dans les produits d’hygiène réutilisables pour femmes
Une analyse approfondie a récemment révélé que ces substances invisibles se retrouvent dans des produits d’hygiène féminine conçus pour être réutilisés. Sur une série de 59 articles, comprenant des culottes menstruelles, des serviettes hygiéniques réutilisables, des coupes menstruelles ainsi que des sous-vêtements et accessoires hygiéniques destinés à l’incontinence, tous présentaient la présence de Pfas. Plus inquiétant encore, près de 30 % des produits testés contenaient ces composés à des niveaux compatibles avec une utilisation intentionnelle par le fabricant, ce qui indique que ces substances ont été ajoutées au produit en connaissance de cause.
Les culottes et les coupes menstruelles se distinguaient par des taux d’incorporation particulièrement élevés, respectivement 33 % et 25 %, ce qui soulève des questions sur la sécurité de ces produits. La professeure Marta Venier, autrice principale de l’étude, insiste sur l’importance de cette situation. Elle souligne que, face à la croissance des produits durables, en raison de leur longévité, il devient crucial de garantir qu’ils soient sûrs pour la santé. Et surtout, étant en contact prolongé avec la peau et, pour certains, avec des muqueuses sensibles, ces produits représentent un risque potentiel supplémentaire d’absorption de Pfas, notamment des composés neutres, plus volatils et donc plus facilement absorbés par la peau. La vulnérabilité accrue de ces zones, par rapport à la peau protégée du reste du corps, renforce la nécessité d’approfondir les recherches sur ces effets.
Une nécessité de transparence accrue pour les fabricants
Le rapport met également en évidence une problématique majeure : de nombreux produits sur le marché, notamment dans la région nord-américaine, contiennent dans leur composition des Pfas comme le 8:2 FTOH, une molécule volontairement bannie par les fabricants pour ses effets persistants dans l’organisme. Ce composé se dégrade en PFOA, un autre produit considéré comme cancérigène pour l’homme. La présence de cette substance dans des emballages alimentaires avait déjà été évitée suite aux recommandations de la FDA, mais sa détection dans d’autres produits soulève des inquiétudes quant à la transparence des industries quant à leur composition.
Il est encore difficile d’évaluer précisément les risques liés à une absorption cutanée de ces substances, mais le principe de précaution recommande de restreindre leur présence. Notons néanmoins qu’au moins un produit dans chaque catégorie testée ne contenait pas de traces de Pfas, ce qui prouve qu’il est possible pour les fabricants de concevoir des produits plus sûrs. La spécialiste Marta Venier insiste sur le rôle essentiel de la transparence. Selon elle, les consommateurs doivent être informés précisément de la composition des articles qu’ils achètent, car de nombreux emballages n’indiquent pas la présence de ces substances. Mieux informer permettrait aux utilisateurs de faire des choix éclairés, en faveur de produits moins nocifs pour leur santé et celle de leur famille.
Sources : Environmental Science & Technology Letters, Centre Léon Bérard, Vie-publique.fr
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