Des chercheurs français découvrent un nouveau groupe sanguin rare

Sophie Lambert

Une découverte révolutionnaire dans le domaine des groupes sanguins : l’histoire d’une avancée scientifique majeure

L’aventure débute en 2011 avec une patiente originaire de Guadeloupe, qui se préparait à recevoir une transfusion sanguine. Cependant, une difficulté inattendue est survenue : aucun donneur compatible n’a pu être identifié. Son profil sanguin présentait un anticorps encore inconnu, ce qui compliquait considérablement la recherche d’un sang compatible. Les investigations ne menaient nulle part, et le dossier a été classé sans suite, faute de solution à cette énigme biologique. Pourtant, ce n’est pas la fin de l’histoire, car la science ne lâche jamais prise. En 2019, une équipe de chercheurs dirigée par Slim Azouzi, spécialiste de la génétique des groupes sanguins rares, décide de reprendre cette affaire en main. Leur démarche consiste à recontacter le médecin qui avait prescrit l’examen initial pour obtenir de nouveaux prélèvements permettant d’approfondir l’analyse.

Une enquête de précision pour révéler un système sanguin inédit

Ce travail de décryptage, à la manière d’un détective de la génétique, a nécessité plus de deux années d’efforts incessants. Les chercheurs ont entrepris de séquencer l’ensemble de l’ADN de la patiente, ce qui représente environ 22 000 gènes, afin de mettre en lumière les particularités de son profil sanguin hors normes. Cette étude approfondie a abouti à la découverte d’un tout nouveau système de groupe sanguin, désigné sous le nom de « PigZ ». En hommage à ses origines antillaises, cette nouvelle classification a été baptisée « GWADA négatif ». Jusqu’à aujourd’hui, cette patiente demeure la seule personne à présenter cette particularité génétique unique, ce qui lui confère un statut exceptionnel, faisant d’elle la détentrice d’un groupe sanguin ultra-rare.

L’annonce officielle de cette avancée a été faite lors d’un congrès international de la Société de transfusion sanguine organisé à Milan. Parmi les hôtes présents, Thierry Peyrard, responsable de la qualité et de la sécurité des produits sanguins à l’Établissement français du sang, a souligné l’importance de cette découverte. La France, en particulier, s’illustre dans le domaine de la recherche sur les groupes sanguins : depuis 2012, sur les 17 nouveaux systèmes identifiés dans le monde, une majorité — soit 10 — a été mise en évidence par les équipes françaises de l’Etablissement français du sang.

Une avancée d’une importance capitale pour la médecine transfusionnelle

Au-delà de la prouesse technique, cette découverte a une signification médicale qui dépasse la simple curiosité scientifique. La connaissance de nouveaux groupes sanguins permet en effet d’accroître la sécurité lors des transfusions sanguines, qui doivent impérativement respecter la compatibilité entre donneur et receveur pour éviter tout risque de réaction immunitaire dangereuse. Pour les patients dont le profil sanguin est extrêmement rare, la découverte de « GWADA négatif » constitue un véritable espoir. Elle ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes qui gouvernent la compatibilité ou l’incompatibilité sanguines, ce qui pourrait conduire à l’élaboration de nouvelles stratégies thérapeutiques adaptées à ces profils singuliers. Finalement, cette avancée scientifique contribue à améliorer la sécurité et l’efficacité des transfusions pour une population de patients longtemps considérée comme vulnérable, tout en renforçant la position de la France dans la recherche en biologie sanguine.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.