Décès de Rick Davies de Supertramp : qu’est-ce que le myélome multiple ?

Sophie Lambert

Décès de Rick Davies, cofondateur de Supertramp : un artiste légendaire disparu

Originaire de Swindon, au Royaume-Uni, né en 1944, Richard « Rick » Davies a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du rock. Il est surtout reconnu pour avoir fondé, en 1969, le groupe mythique Supertramp, aux côtés de Roger Hodgson. C’est avec ce groupe qu’il a connu un succès mondial, mêlant rock progressif, pop et folk dans un univers musical unique. Malheureusement, ce 8 septembre, nous avons appris la disparition de cet artiste emblématique, victime d’un myélome multiple, une maladie qui l’a accompagné depuis 2015.

Le myélome multiple, maladie peu courante et peu connue, appartient à la famille des cancers du sang. Représentant environ 1 % de tous les types de cancer, il constitue aussi une dizaine de pourcents des cancers hématologiques. En France, chaque année, environ 4 500 nouveaux cas sont détectés. La moyenne d’âge des personnes touchées tourne autour de 70 ans, ce qui montre que cette pathologie concerne généralement une population plutôt âgée, mais elle peut aussi toucher des patients plus jeunes.

Des douleurs osseuses persistantes, symptôme révélateur

Connu sous l’ancien nom de « maladie de Kahler », le myélome multiple se caractérise par une croissance incontrôlée de plasmocytes anormaux au sein de la moelle osseuse. Ces cellules, qui jouent habituellement un rôle vital dans la fabrication d’anticorps pour défendre notre corps contre les infections, deviennent cancéreuses pour donner lieu à une production excessive d’immunoglobulines monoclonales, une protéine anormale qui envahit la moelle osseuse.

Ce cancer peut passer inaperçu durant un certain temps, étant détecté fortuitement lors d’un bilan sanguin de routine dans certains cas ou se manifestant par diverses lésions. Parmi les symptômes courants, on retrouve une fatigue intense, des fractures spontanées voire inexpliquées, une anémie ou encore des troubles rénaux. Toutefois, un signe particulièrement évocateur demeure la présence de douleurs osseuses prolongées, notamment au niveau du dos, qui doivent alerter et inciter à consulter rapidement.

Le diagnostic précis repose sur un examen appelé myélogramme, qui consiste à analyser la moelle osseuse pour confirmer la présence de plasmocytes cancéreux.

Une prise en charge globale pour mieux vivre avec la maladie

« Le traitement initial, ou traitement de première ligne, doit être adapté à chaque patient en fonction de son âge, de ses autres problèmes de santé ainsi que de sa condition physique globale », indique le centre de lutte contre le cancer Léon-Berard, basé à Lyon. Cette approche personnalisée est essentielle dans la stratégie thérapeutique.

Malgré d’importantes avancées, il est important de souligner que la guérison complète du myélome multiple demeure encore difficile à atteindre. La majorité des traitements permettent de contrôler la maladie, mais les rechutes restent fréquentes, nécessitant souvent des traitements successifs ou combinés. La prise en charge moderne privilégie une approche multidisciplinaire, intégrant non seulement des thérapies spécifiques contre la cancer, mais aussi un large éventail de soins de soutien pour améliorer la qualité de vie des patients. Ces soins comprennent le traitement et la prévention des atteintes osseuses, la gestion de l’anémie, la prévention des infections, ainsi que l’appui nutritionnel, psychologique et social, afin d’accompagner au mieux chaque personne face à la maladie.

Des progrès thérapeutiques majeurs en constante évolution

Ces dernières années, la recherche a permis des avancées spectaculaires dans le traitement du myélome. En 2022, le Dr Thomas Chalopin, responsable du service d’hématologie à l’hôpital de jour du CHRU de Tours (Indre-et-Loire), expliquait que l’introduction des anticorps monoclonaux a révolutionné la manière de traiter cette maladie. Ces médicaments ciblent spécifiquement les cellules cancéreuses tout en stimulant le système immunitaire, permettant une meilleure réponse au traitement et souvent une amélioration des taux de rémission.

Une autre révolution est représentée par la thérapie par cellules CAR T. Il s’agit de prélever les lymphocytes T du patient, puis de les modifier génétiquement en laboratoire afin qu’ils puissent reconnaître et attaquer spécifiquement les cellules cancéreuses. Ces cellules modifiées sont ensuite réinjectées dans le corps du patient, où elles deviennent des agents de lutte hautement ciblés. Dans certains cas, cette technique a permis à des patients atteints d’un espérance de vie très limitée, de vivre plusieurs années en rémission, voire en guérison partielle, apportant ainsi une lueur d’espoir nouvelle dans la gestion du myélome multiple.

Ce progrès constant dans les traitements offre des perspectives encourageantes pour les personnes concernées, tout en soulignant la nécessité d’une prise en charge adaptée et d’un suivi médical rigoureux. Le combat contre cette maladie continue d’évoluer grâce à la recherche, offrant aux patients de meilleures chances de vivre une vie plus longue et de meilleure qualité.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.