Comment reconnaître les symptômes de la listériose, une infection alimentaire ?

Sophie Lambert

Épisode de listériose : quels fromages ont été rappelés ?

Depuis le début du mois de juin, 21 cas de listeriose ont été recensés, dont 18 en seulement quelques semaines. Les autorités sanitaires françaises, via un communiqué diffusé le mardi 12 août en fin de journée, ont confirmé avoir identifié une probable connexion entre ces infections, qui ont malheureusement causé la mort de deux personnes, et la consommation de certains fromages fabriqués à partir de lait pasteurisé, notamment ceux produits par la société Chavegrand, située en Creuse. En réponse, un rappel massif a été lancé concernant tous les lots de fromages fabriqués avant le 23 juin 2025.

Quels produits ont été mis en retrait du marché ?

Les produits visés sont principalement des fromages à pâte molle et à croûte fleurie, élaborés à partir de lait de vache pasteurisé, comme les camemberts ou certains fromages crémeux, ainsi que des produits à base de chèvre, notamment des bûches. Ces fromages, qui ont été commercialisés jusqu’au 9 août 2025, ont été vendus à la fois en France et dans plusieurs pays étrangers sous diverses marques commerciales. Les personnes ayant consommé ces produits sont invitées à rester vigilantes. Si elles présentent une fièvre, que celle-ci soit isolée ou accompagnée de maux de tête ou de courbatures, elles doivent consulter leur médecin en mentionnant qu’elles ont ingéré ces fromages suspectés.

Qu’est-ce que la listériose ?

La listériose est une infection rare mais pouvant devenir grave, voire fatale, qui se transmet principalement par l’ingestion d’aliments contaminés par la bactérie Listeria monocytogenes. Cette bactérie, connue pour la première fois en France en 1918, a été identifiée comme une nouvelle espèce bactérienne en 1926. La problématique de sa contamination alimentaire a été reconnue dès 1982, ce qui a conduit à l’intégration de cette bactérie dans la liste des dangers biologiques liés à l’industrie agroalimentaire. La listériose doit faire l’objet d’une déclaration obligatoire, afin de permettre une surveillance continue à l’échelle nationale. La Listeria monocytogenes a la capacité unique de se développer à basses températures, notamment dans des environnements salins très concentrés, ce qui facilite sa prolifération dans certains aliments.

Présente-t-elle des signes visibles ?

L’un des grands défis dans la détection de cette bactérie est qu’elle n’altère pas visuellement ou gustativement l’aliment contaminé, contrairement à d’autres agents pathogènes. En France, les aliments le plus souvent porteurs de Listeria monocytogenes sont les produits laitiers, en particulier ceux à pâte molle et fabriqués à partir de lait cru. Les charcuteries telles que la langue, le pâté, ou les rillettes, les poissons fumés, ainsi que certains légumes et viandes crues ou peu cuites, peuvent également être contaminés. La bactérie est omniprésente dans l’environnement, que ce soit dans l’eau, le sol, les végétaux en décomposition, ou chez divers animaux. Elle peut contaminer directement les aliments prêts à être consommés ou sévir sur les sites de fabrication, rendant la contrôle sanitaire indispensable pour éviter tout risque de propagation.

Quels sont les symptômes ?

L’ingestion d’aliments contrefaits par la bactérie peut entraîner une forme bénigne de la listériose, avec un incubation de quelques heures à plusieurs jours. Cette forme digestive se manifeste généralement par des douleurs abdominales, des diarrhées, et parfois par des signes ressemblant à la grippe, comme de la fièvre, des courbatures et des maux de tête. Cependant, chez certaines personnes, la bactérie peut pénétrer au-delà du tube digestif et provoquer des infections plus graves, dites invasives. Ces dernières se traduisent par une septicémie, c’est-à-dire une infection du sang, ou par une méningo-encéphalite, caractérisée par des maux de tête, de la fièvre, des nausées, des vomissements, voire des troubles du comportement. La bactérie peut également atteindre le fœtus lors de la grossesse, en passant par le placenta. La liste de ces formes graves peut durer de quelques jours à 1 ou 2 mois, selon la gravité.

Qui sont les populations à risque ?

Certaines catégories de la population sont particulièrement vulnérables face à la listériose. Il s’agit principalement des personnes âgées, des personnes dont le système immunitaire est affaibli, des femmes enceintes, ainsi que des nouveaux-nés. Ces groupes doivent faire preuve d’une vigilance accrue face à la consommation de produits susceptibles de porter la bactérie.

Quels sont les risques pour les femmes enceintes ?

Chez la femme enceinte, la transmission de la bactérie au fœtus s’effectue principalement par le biais du placenta. La mère peut ne présenter aucun symptôme ou éprouver une simple fièvre, mais la contamination peut entraîner de graves complications pour le développement du bébé. Selon Santé publique France, si l’infection survient durant le premier trimestre, elle peut conduire à un avortement spontané. Lorsqu’elle se produit entre le sixième et le neuvième mois, cela peut provoquer une naissance prématurée ou entraîner la mort in utero du fœtus. En cas d’infection tardive, la mère peut ne présenter aucun signe, mais le nouveau-né peut, quant à lui, développer une infection grave peu après la naissance.

Quels traitements sont disponibles ?

Le traitement de la listériose consiste généralement en un traitement antibiotique administré dès la détection de la bactérie dans un endroit normalement stérile, comme le sang ou le liquide cérébro-spinal. La rapidité de l’intervention est cruciale pour limiter la gravité de l’infection.

Quels chiffres concernant cette pathologie ?

En France, chaque année, entre 300 et 400 cas de listériose invasive sont officiellement déclarés. L’incidence est estimée à environ 5,6 cas pour un million d’habitants, ce qui en fait la deuxième cause de mortalité liée à une contamination alimentaire dans le pays. La prévalence de la maladie souligne l’importance d’un contrôle strict de la chaîne alimentaire.

Comment prévenir la listériose ?

Agir en prévention consiste principalement à adopter des mesures d’hygiène rigoureuses, notamment pour les personnes à risque élevé. Il convient d’éviter la consommation de produits laitiers crus ou non pasteurisés, comme certains fromages au lait cru, de charcuteries, de viandes peu cuites ou crues, de poissons fumés, de coquillages non cuits, ou encore de produits tels que le surimi, le tarama, ainsi que certains légumes et herbes aromatiques crues comme le poivron, le persil ou les graines germées. Il est également recommandé de retirer la croûte des fromages avant consommation, de bien cuire les aliments d’origine animale, de laver soigneusement les légumes et les herbes, et de faire bouillir jusqu’à ébullition les plats déjà préparés.

De plus, pour limiter la contamination croisée, il est conseillé de séparer les aliments crus de ceux qui sont cuits. Les produits préemballés sont préférables, car ils minimisent le risque de contamination dans leur stockage, tandis que ceux achetés en vrac doivent être consommés rapidement après achat. Ces gestes simples participent à réduire considérablement le risque d’exposition à la bactérie, particulièrement pour ceux qui présentent un facteur de vulnérabilité face à cette infection.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.