Comment préparer sa peau au soleil : UV, autobronzants et compléments, que faut-il savoir ?

Sophie Lambert

Les idées reçues sur la préparation de la peau au soleil : une méconnaissance préoccupante des risques

Une étude menée en 2022 par l’Institut National du Cancer, en collaboration avec l’institut de sondage BVA, a mis en lumière l’importante confusion qui règne chez les Français concernant les moyens de préparer leur peau à l’exposition solaire. Selon cette enquête, une part significative de la population croit à tort que certaines pratiques simples peuvent réduire les risques liés au soleil. Par exemple, 20 % des personnes interrogées pensent que la prise de gélules ou de compléments alimentaires pourrait limiter les coups de soleil, tandis que 15 % pensent que l’utilisation de cabines de bronzage UV constitue une méthode efficace pour préparer leur peau. Ces chiffres révèlent une ignorance inquiétante des véritables dangers que comportent ces pratiques, qui peuvent s’avérer plus nuisibles qu’utiles.

Les cabines UV : une menace pour la santé

Les dispositifs de bronzage artificiel, communément appelés cabines UV, s’avèrent être un vrai piège pour la santé cutanée. De nombreuses personnes croient à tort qu’elles peuvent obtenir un teint hâlé rapidement tout en protégeant leur peau. Or, ces appareils fonctionnent en utilisant des lampes qui émettent des rayons ultraviolets, dont certains sont particulièrement nocifs.

Ces lampes se divisent principalement en deux catégories. D’un côté, celles à basse pression, qui diffusent principalement des UVA ; de l’autre, celles à haute pression, équipées de filtres censés ne laisser passer que certaines longueurs d’ondes. Toutefois, lorsque ces filtres sont défectueux ou mal entretenus, la peau peut être exposée à des rayons UVB et UVC, qui sont bien plus dangereux et augmentent considérablement le risque de développer un cancer de la peau ou de subir un vieillissement prématuré des tissus cutanés.

Contrairement aux idées populaires, ces séances de bronzage en cabine ne préparent pas la peau à une exposition solaire saine. Au contraire, elles l’exposent à des radiations qui augmentent la probabilité de dommages cutanés graves. La Commission de la sécurité des consommateurs rappelle qu’une session de 15 minutes dans une cabine UV équivaut à une exposition au soleil brûlant de midi sur une plage des Caraïbes, sans aucune protection solaire. Autrement dit, ces pratiques ne sont pas sans danger et sont à éviter pour préserver sa santé.

Une image illustrant ce danger montre typiquement une cabine de bronzage, dont l’utilisation répandue peut conduire à des risques accrus de cancer et de vieillissement cutané prématuré, au vu de l’exposition intense et répétée aux rayons UV.

Les autobronzants : des substituts trompeurs

Une alternative souvent proposée pour obtenir un teint hâlé sans s’exposer directement au soleil consiste à utiliser des autobronzants. Ces produits cosmétiques, qui incluent crèmes, sprays ou gels, offrent une solution apparemment sans risque. Leur mode d’action repose sur une réaction chimique qui colore uniquement les cellules mortes en surface de la peau, sans stimuler la fabrication de mélanine, pigment responsable du bronzage naturel.

Cependant, leur utilisation présente deux limites majeures. D’une part, ils ne préparent pas la peau à accueillir les rayons du soleil ; ils ne font que la teindre, sauf si ces produits sont spécialement formulés avec un SPF ou des filtres UV. D’autre part, esthétiquement, ils peuvent parfois mettre en évidence des points noirs ou imperfections en accentuant les zones riches en cellules mortes, qui deviennent davantage pigmentées.

Ainsi, l’autobronzant, s’il permet une coloration temporaire, ne remplace pas une préparation efficace à l’exposition solaire et ne protège pas contre ses effets nocifs.

Les compléments alimentaires : des promesses sans preuves solides

Le marché actuel des compléments alimentaires vantés comme « préparateurs de bronzage » connaît une croissance constante, alimentée par des campagnes marketing souvent séduisantes. Ces produits, qui regroupent gélules, huiles ou crèmes, prétendent accélérer ou intensifier le bronzage lorsqu’ils sont consommés ou appliqués. Pourtant, la majorité de ces affirmations repose sur peu ou pas de données scientifiques concrètes.

Une vérification dans les bases de données de la recherche scientifique montre qu’un nombre limité d’études sérieuses ont été menées pour évaluer leur efficacité et leur sécurité. Parmi ces produits, comme ceux à base de bêta-carotène en forte dose, les preuves scientifiques restent faibles, voire inexistantes. L’Inserm confirme d’ailleurs que les données disponibles sont fragmentaires et qu’il est actuellement difficile d’affirmer que ces compléments offrent un réel bénéfice pour préparer un bronzage ou renforcer la pigmentation de manière sûre.

De plus, certains de ces produits peuvent présenter des risques sanitaires. Par exemple, certains compléments à haute dose de bêta-carotène ont été associés à un risque accru de développer un cancer du poumon chez les fumeurs ou ceux exposés à l’amiante. L’Institut national du cancer insiste donc sur le fait qu’il est plus sage d’éviter de se fier à ces promesses, et de privilégier une approche raisonnable et sûre pour préparer la peau à l’exposition solaire.

Optimiser sa préparation au soleil : les vrais conseils

Selon les spécialistes, la manière la plus efficace de préparer sa peau à une exposition solaire en toute sécurité consiste à adopter une stratégie progressive et raisonnée. Il ne s’agit pas de recourir à des produits ou pratiques douteuses, mais plutôt de suivre quelques règles simples.

La première étape essentielle demeure l’utilisation régulière d’une crème solaire adaptée aux risques, avec un indice de protection élevé, surtout si l’on prévoit une longue période d’exposition. Il est également conseillé de porter des vêtements couvrants, notamment lors des heures où le rayonnement solaire est le plus fort, pour limiter l’impact des UV. L’équipement avec des lunettes de soleil de bonne qualité et le respect des plages horaires moins sollicitées (matin ou fin d’après-midi) permettent aussi de profiter du soleil en minimisant les risques.

Enfin, il est crucial de rappeler que l’abus d’exposition au soleil peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé à long terme, et qu’il est toujours préférable de privilégier la prévention. La connaissance des véritables méthodes pour préparer la peau permet d’éviter les dangers inutiles et de profiter du soleil de manière responsable.

Sources : INCa, Inserm, Société française de dermatologie.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.