Comment faire face aux injonctions à avoir des enfants en vieillissant

Sophie Lambert

Comprendre et Redéfinir l’Idée de Maternité dans notre Société Moderne

De nombreuses femmes sont régulièrement confrontées à des interrogations sur leur désir de devenir mère : « Quand aura lieu le bébé ? », « Tu vieillis, bientôt tu ne pourras plus avoir d’enfants », ou encore « Tu n’en veux pas ? Tu changeras d’avis ». Ces remarques, souvent bien intentionnées ou simplement formulées dans la simplicité, reflètent une réalité profonde : dans notre société, être une femme accomplie est souvent synonyme d’avoir ou de vouloir des enfants. Pourtant, il ne s’agit pas d’une évidence universelle, ni d’un chemin que chaque femme souhaite emprunter. La question de la maternité ne peut être considérée comme une norme, mais plutôt comme une réflexion personnelle, qui doit pouvoir s’exprimer librement, libérée des jugements ou des attentes sociales.

Dans cet univers de discours parfois imprégné de clichés, il est essentiel de rappeler que toutes les femmes n’ont pas la même perception de leur corps et de leur désir. Certaines peuvent se demander si elles ont envie de devenir mère, questionnement complexe qui nécessite un vrai temps de réflexion. La société, l’expiration de la jeunesse ou la carrière professionnelle pèsent souvent dans cette équation, créant un dilemme entre des pressions extérieures et des aspirations personnelles. Nathalie Massin, endocrinologue spécialisée dans la reproduction et responsable d’un centre d’assistance médicale à la procréation, insiste sur l’importance pour chaque femme de comprendre ses propres envies et son corps, afin de faire un choix éclairé, sans culpabilité. En lui apportant des clés de compréhension scientifique, elle souhaite contribuer à ce que les femmes puissent envisager la maternité selon leur propre rythme et leurs propres désirs.

Reflexion sur ses propres envies et perceptions

Le processus de remise en question commence par une interrogation qui n’est pas si simple qu’elle en a l’air : a-t-on réellement envie d’avoir des enfants ? La réponse n’est pas toujours évidente face aux attentes sociétales, aux aléas de la vie, ou encore à la pression du temps qui défile inexorablement. La société, en particulier, fonctionne souvent avec des croyances, des normes implicites qui rendent difficile de distinguer un véritable désir d’une position “normée”. Nathalie Massin propose ainsi une série de questions pour aider à mieux cerner ses motivations : « En regardant votre vie dans quelques années, que souhaitez-vous avoir accompli ? La maternité en fait-elle partie ? Que ressentez-vous en croisant une femme enceinte dans la rue ? Pour qui et pourquoi voudriez-vous des enfants ? ». Ces réflexions permettent d’explorer ses propres motivations, en évitant de se laisser imposer des idées toutes faites.

Prendre connaissance de son corps et de ses possibilités

Au cœur du questionnement, connaître son corps et ses possibilités est indispensable. Beaucoup d’idées reçues circulent sur la maternité, notamment autour de l’âge. La notion d’« horloge biologique » est parfois source de culpabilité ou d’angoisse, alors que la science montre une réalité plus nuancée. En France, l’âge moyen auquel une femme donne naissance à son premier enfant est aujourd’hui de 31 ans, contre 27 ans pour les générations passées. En ce qui concerne les pères, même si leur âge tend à être plus avancé, le sujet reste proche de celui de leur compagne. Nathalie Massin affirme que connaître ses propres limites et ses capacités permettra à chaque femme de faire face au passage du temps. Elle souligne qu’un utérus en bon état peut, en théorie, porter un enfant jusqu’à 50 ans, mais qu’il faut prendre en compte les risques pour le bébé. La statistique montre que, à 40 ans, environ deux tiers des femmes peuvent envisager une grossesse naturellement, même si ce processus peut nécessiter plus de patience ou de temps. En cas d’échec, il existe d’autres parcours possibles, comme le recours à un don d’ovocytes ou à une assistance médicalisée à la procréation.

Une décision qui vous appartient

Parce que le désir de maternité peut surgir à un moment très tardif dans la vie, des solutions comme la conservation d’ovocytes ont été mises en place. Conserver ses ovules entre 29 et 37 ans peut être une option pour préserver sa fertilité et ainsi se donner plus de latitude dans ses décisions futures. Ce choix, qui peut aider à se libérer de la pression du temps, n’est pas une garantie de succès, mais il constitue néanmoins une étape d’émancipation et de préparation. Les femmes peuvent aussi décider de fonder une famille seules, sans compagnon, car la législation française autorise depuis 2021 l’accès à l’assistance médicale à la procréation pour les femmes en solo, sous des conditions équivalentes à celles en couple.

Il convient également de rappeler que devenir mère n’est pas une obligation : comme le rappellent Nathalie Massin et Anne-Lise Pernotte, « il y a une vie, même sans enfant ». La maternité, loin d’être une norme imposée, constitue un choix personnel qui doit respecter la liberté de chaque femme. Parmi celles qui souhaitent avoir des enfants, certaines n’en ont malheureusement pas la possibilité pour des raisons médicales. La réflexion autour de la maternité doit rester une démarche intime et respectueuse, dénuée de tout jugement. Au final, faire ses propres choix, selon ses envies et ses circonstances, reste la clé d’une vie épanouie, loin des pressions extérieures.

Ce livre, intitulé « Être mère, si je veux, quand je veux ! », écrit par Nathalie Massin et Anne-Lise Pernotte, offre un éclairage précieux pour toutes celles qui souhaitent réfléchir sereinement à leur avenir et à leur rapport à la maternité.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.