Comment empêcher Meta d’aspirer vos données sur Facebook, Instagram et WhatsApp ?

Sophie Lambert

Meta pourrait bientôt exploiter le contenu que vous publiez en ligne pour améliorer ses systèmes d’intelligence artificielle

Il se pourrait que vos photographies, vos messages ou encore vos commentaires, que vous partagiez sur Facebook ou Instagram, soient à l’avenir utilisés par la société Meta—la maison mère de ces plateformes ainsi que de WhatsApp—dans le but de perfectionner ses modèles d’intelligence artificielle (IA). Envisageant cette utilisation de vos données à des fins d’apprentissage machine, la société offre néanmoins une période pour s’opposer à cette démarche, conformément aux dispositions du Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD). Vous avez seulement quelques semaines pour faire connaître votre désapprobation si cela ne vous convient pas.

Meta a annoncé, au début du mois d’avril, que dès le 27 mai, elle procèdera à la collecte d’informations accessibles publiquement provenant des comptes des utilisateurs âgés d’au moins 18 ans, ainsi que des interactions réalisées avec sa fonctionnalité Meta AI récemment déployée. La société justifie cette initiative en indiquant que cette phase de collecte permettra de concevoir des intelligences artificielles plus performantes, capables de mieux assister des millions d’utilisateurs et d’entreprises en Europe. Leur objectif est de faire en sorte que ces modèles génératifs d’IA comprennent et reflètent plus fidèlement les diverses cultures, langues et histoires propres à la région, garantissant ainsi une adaptation plus précise et plus pertinente.

Quels types de données seront concernés ?

Meta clarifie que les données qui seront exploitées proviennent principalement des publications publiques faites par des comptes d’adultes, ainsi que des interactions de tous les utilisateurs avec ses services d’IA, quel que soit leur âge. Cela inclut notamment les photos, vidéos ou textes que vous choisissez de rendre visibles à tous sur vos profils, ainsi que les commentaires, évaluations ou critiques que vous postez sur d’autres comptes, qu’il s’agisse de celui d’une célébrité, d’un ami ou d’un établissement comme un restaurant. La société signale qu’en fonction de la nature du contenu, certaines informations sensibles ou privées peuvent être incluses, telles que des coordonnées personnelles si vous avez partagé ces détails quelque part.

Meta précise également que les échanges privés, tels que vos conversations avec vos proches ou votre famille, ne seront pas utilisés à cette fin. La société affirme qu’elle n’entraînera pas ses modèles d’IA avec les messages privés échangés dans un cadre restreint. Par ailleurs, elle indique qu’elle n’utilisera pas de données publiques provenant de comptes d’individus de moins de 18 ans, sauf pour les interactions spécifiques des utilisateurs avec l’IA Meta, celles qui sont accessibles, par exemple, via la barre de recherche dans WhatsApp ou Messenger. Dans ces cas, aucune restriction d’âge n’est appliquée à la collecte.

Que faire si vous ne souhaitez pas voir vos données exploitées ?

Si vous préférez empêcher l’utilisation de vos informations personnelles par Meta pour l’entraînement de ses intelligences artificielles, deux possibilités s’ouvrent à vous. La première consiste à ajuster les paramètres de confidentialité de vos comptes en passant votre profil en mode privé, ce qui limite la visibilité de vos publications. La seconde option consiste à remplir un formulaire de désactivation dès maintenant, une démarche qui reste possible jusqu’au 27 mai. Au-delà de cette date, Meta considèrera que, faute d’opposition claire de votre part, vous consentez implicitement à cette collecte et à cet usage de vos données.

Selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), si vous ne manifestez pas votre refus dans le délai imparti, l’entreprise pourrait présumer de votre accord. Il est donc conseillé d’agir rapidement si vous souhaitez préserver votre vie privée.

Pour cela, vous pouvez accéder à un formulaire d’opposition disponible sur Instagram ou Facebook. Sur Instagram, il faut ouvrir votre profil, cliquer sur les trois lignes situées en haut à droite, puis descendre dans le menu jusqu’à la section « centre de confidentialité ». Là, un lien vers le formulaire d’opposition apparaît, et vous pouvez y exprimer votre refus. La démarche est similaire sur Facebook, où un formulaire spécifique vous permet de faire connaître votre position. Si vous ne possédez pas de comptes mais que vous souhaitez également vous opposer à l’utilisation de vos données par des tiers, Meta propose un formulaire dédié pour faire valoir votre droit.

Des outils similaires existent aussi pour WhatsApp, où un formulaire est accessible pour manifester votre volonté de ne pas voir vos conversations utilisées à des fins d’entraînement IA.

Une fois votre demande envoyée et le formulaire rempli, vous recevrez un email de confirmation attestant que Meta ne se servira plus de vos informations publiques ni de vos interactions pour perfectionner ses systèmes d’intelligence artificielle. La désactivation sera appliquée à tous les comptes que vous aurez liés à votre espace personnel lors de l’envoi du formulaire. Si, à l’inverse, vous n’avez pas associé vos différents comptes à cet espace, vous devrez répéter la démarche pour chaque plateforme concernée.

Pour illustrer ces procédures, une capture d’écran d’Instagram vous montre le processus en détail. La démarche demeure simple : après avoir rempli le formulaire, la société vous confirme la prise en compte de votre opposition. Cette manière de procéder garantit que votre vie privée reste respectée, même dans un contexte où l’usage des données personnelles pour les intelligences artificielles devient de plus en plus courant.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.