Chaleur et médicaments : évitez que votre rendez-vous conso ne tourne mal

Sophie Lambert

Les effets des vagues de chaleur sur notre organisme et l’impact de certains médicaments

Pendant une période de forte chaleur, notre corps se mobilise pour maintenir sa température interne à environ 37°C. Pour cela, il active plusieurs mécanismes de régulation thermique, notamment en provoquant la transpiration et en dilatant les vaisseaux sanguins situés à la surface de la peau. Ces processus permettent à la chaleur excessive de s’évacuer plus efficacement, aidant ainsi notre corps à rester dans une plage de température sûre. Cependant, si ces mécanismes naturels se trouvent dépassés ou altérés, les risques de déshydratation ou, dans les cas extrêmes, de coup de chaleur deviennent plus importants. Lors d’un coup de chaleur, les symptômes peuvent inclure de forts maux de tête, des nausées, voire des troubles plus graves touchant le foie ou les reins. Il est également important de souligner que la prise de certains médicaments peut aggraver la vulnérabilité face à ces conditions thermiques extrêmes.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié une liste, non exhaustive, de substances actives susceptibles de réduire la capacité de l’organisme à s’adapter aux épisodes de chaleur intense. Ces médicaments peuvent perturber ou ralentir la réponse physiologique à la chaleur, augmentant ainsi les risques de complications. Il est capital de rappeler que toute interruption de traitement doit impérativement faire l’objet d’un avis médical afin d’éviter tout risque associé.

Prudence avec les médicaments contre le rhume et la douleur

Concernant les médicaments en vente libre destinés à soulager des maux bénins tels que le rhume, la toux, les allergies ou la douleur, il faut rester vigilant. Certains de ces médicaments peuvent provoquer des effets secondaires non négligeables, en particulier en période de chaleur. Par exemple, certains antidouleurs, comme l’aspirine ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’ibuprofène ou le kétoprofène, peuvent altérer la fonction rénale. En modifiant le bon fonctionnement des reins, ils peuvent augmenter la déshydratation ou compliquer la régulation thermique du corps.

D’autres analgésiques plus puissants, comme le tramadol, peuvent également affecter la régulation thermique en interférant avec les mécanismes de la température corporelle. L’ANSM recommande même d’être très prudent avec la prise de paracétamol, autrefois considéré comme un traitement de référence. En effet, cette molécule est inefficace pour traiter un coup de chaleur et pourrait aggraver les atteintes hépatiques, notamment chez les individus prenant des doses excessives ou ayant des antécédents de troubles hépatiques.

Par ailleurs, certains médicaments contre le rhume, même en application nasale, empêchent la vasodilatation cutanée, un mécanisme clé pour dissiper la chaleur extérieure. De plus, plusieurs antihistaminiques peuvent réduire la transpiration, ce qui limite l’évaporation de la sueur et complique la gestion thermique. Certains de ces médicaments ont également pour effet de provoquer une somnolence, ce qui peut diminuer la sensation de soif et augmenter le risque de déshydratation. D’autres traitements en vente libre, comme certains sirops contre la toux contenant de l’oxomémazine, le somnifère doxylamine ou encore les antivomitifs comme la métopimazine, peuvent également réduire la sudation, ce qui nuit à la capacité de régulation thermique de l’organisme.

Il est donc primordial, en période de fortes chaleurs, de consulter un professionnel de santé ou un pharmacien avant de prendre ces médicaments. Leur utilisation doit être adaptée pour éviter toute complication liée à la chaleur, et il ne faut jamais interrompre ou modifier un traitement sans avis médical préalable.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.