Cancer : pourquoi il ne faut pas toujours encourager les patients à garder le moral

Sophie Lambert

L’importance de ne pas surestimer l’impact du moral dans la lutte contre le cancer

Selon la psychologue Aurélie Grall, basée à Brest, il est erroné de croire que préserver une attitude optimiste ou avoir le moral élevé peut améliorer significativement les chances de vaincre un cancer. Elle insiste sur le fait que cette idée largement répandue est même source de culpabilité pour beaucoup de patients, qui peuvent se sentir responsables de leur échec face à la maladie s’ils ne parviennent pas à rester positifs en permanence. Pour elle, cette croyance ne repose sur aucune preuve scientifique solide.

Dans le contexte d’un cancer, la majorité des traitements étant souvent intenses et difficiles, il est naturel que l’état mental des patients fluctue de façon imprévisible. Aurélie Grall explique que leur humeur dépend souvent de divers facteurs, comme l’état intermédiaire de leur bilan médical, leur capacité à supporter les traitements, ou encore la nature même des thérapies qu’ils suivent. Certains jours, ils peuvent ressentir une envie irrésistible de lutter, tandis que d’autres jours, ils sont submergés par le découragement. Ces hauts et ces bas sont tout à fait normaux face à une pathologie aussi sévère.

Malheureusement, la croyance selon laquelle leur humeur pourrait influencer leur survie ajoute une pression inutile aux patients. Beaucoup pensent qu’ils sont en quelque sorte responsables du résultat de leur traitement, ce qui peut accentuer leur anxiété. Aurélie Grall souligne que, malgré cette inquiétude, la recherche scientifique n’a montré aucune corrélation entre l’état d’esprit des malades et leur probabilité de survie. Les études réalisées à ce jour n’ont pas mis en évidence d’impact direct de l’optimisme ou de la déprime sur le taux de succès du traitement ou la prolongation de la vie.

Encourager sans culpabiliser : un enjeu essentiel

Il est toutefois évident que maintenir une attitude positive reste préférable à la dépression, car cela peut avoir des effets bénéfiques sur la qualité de vie des patients. En particulier, un état d’esprit optimiste tend à favoriser une meilleure adhésion aux protocoles de traitement, ce qui est crucial dans la gestion de la maladie. Aurélie Grall souligne que, face à un cancer, l’aspect primordial demeure le suivi rigoureux du traitement. La manière dont l’entourage soutient le patient, en valorisant ses efforts et en le rassurant, est essentielle. Que le patient soit dans une phase de découragement ou de tristesse, il doit continuer à recevoir des encouragements, car ces moments de faiblesse ne durent généralement pas éternellement. La remontée de moral peut survenir dès le lendemain ou même dans la même journée, lorsque l’environnement est compréhensif et affectueux.

Enfin, tout ce qui peut contribuer à améliorer le moral des malades est considéré comme bénéfique, même si cela n’a pas d’impact direct sur les résultats du traitement. Car, au-delà de l’efficacité thérapeutique, le confort psychologique et la qualité de vie quotidienne sont primordiaux pour aider les patients à traverser cette épreuve. Le maintien d’une attitude positive doit donc être encouragé, non pas comme une obligation, mais comme un soutien précieux dans leur parcours de soins.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.